Samedi matin le soleil pointe son nez, la neige est très présente sur les hauteurs. Il n'en fallait pas plus pour me décider vers 10 heures de partir à l'assaut du plus haut sommet de la Région Franche comté et du département du Jura. Nom de code : Crêt Pela. C'est avec un équipement composé d'une paire de raquette TSL 325 escape Easy, les chaussures Salomon SCS GTX , de bons gants de bonne chaussettes... et de mon GPS Garmin colorado 300 que je m'en allais gaingan en direction d'une commune nommée Lamoura.
Commune célèbre pour le départ de la Transjurassienne qui se déroulait justement ce week-end (13 – 14 Février). Je n'étais pas là pour ça, il faut dire que je ne sais pas skier. Par contre marcher et avec des raquettes ça, c'est dans mes capacités.
Ajouter à cela une grosse envie de nature et le fait que je m'attaque au plus haut sommet de la Région ! Arrivé au village, il y a encore un peu de glace sur la route, je m'arrête et regarde la montagne enneigée. Que c'est beau! Au départ, je galère à trouver un chemin car je n'ai pas du tout regardé par où il fallait monter (pas bien). En plus sur le secteur il y a pleins de pistes de ski ce qui limite l'ascension. Renseignements pris auprès d'un professionnel du ski le verdict tombe : pour aller au crêt pela, il faut passer par les pistes damées de la station des Rousses. Par contre c'est gratuit et ça c'est cool! Je me dis pourquoi pas car même en bas des pistes, il y a 80 cm de poudreuse. Après avoir tenté une traversée de 100 mètres au début en montant j'ai vite calmé mes ardeurs car c'est incroyablement physique!
C'est également épuisant moralement car on avance pas ,le mieux dans un cas comme celui-ci c'est de partir à plusieurs, comme cela la personne en tête dame pour les autres chacun son tour. Seulement là j'étais tout seul. De toute façon le GPS semble indiquer qu'il n'y a que cette possibilité. J'attaque donc la piste de ski en revers (il y a que moi...) tous les autres descendent (ils sont pas fous). Les sensations sont bonnes, la neige est tassée mais pas trop, les raquettes sont en positions montées, c'est parti, le cœur s'accélère.
Le soleil et le ciel bleu sont présents ce qui rend le paysage merveilleux. Je regarde souvent mon GPS car je ne sais pas où aller pour arriver à mon objectif. Première grosse montée, seconde grosse montée ça redescend, ça remonte ! Arrivé tout en haut d'un tire-fesses, je ne sais pas où aller, jusqu'au moment ou je trouve une trace d'un raquettiste qui mène vers un hors piste. Sachant que cette piste se dirige vers le crêt, je la suit volontiers. La poudreuse atteint facilement par endroit la hauteur du mètre.
Que c'est cool, aucun bruit. Conscient de faire du hors piste cela m'inquiète un peu mais je suis vite rassuré lorsque quelques minutes plus tard j'aperçois un autre terminus mais de télésièges cette fois-ci. A cet endroit, plus de traces, je regarde mon GPS qui m'indique 1400 mètres et que le GR9 est par là. Sauf qu'il y a 1 mètre de neige pas damée par là.
Qu'importe, je suis bien décidé à y arriver, il est encore tôt. De suite, c'est très dur car je m'enfonce à chaque pas de 40 cm. Je m'arrête essoufflé tous les 50 mètres quand je ne tombe pas déséquilibré par la fatigue. Il fait froid et le fait de respirer par la bouche n'arrange rien. Lorsque je tombe je rigole et me repose un peu. Pour redémarrer par contre c'est une autre histoire car il n'y a aucun appui et mes bras s'enfoncent en essayant de me soulever. Tout bien réfléchi des bâtons de ski doivent très certainement aider pour se relever!
Si vous vous balader en raquette dans une neige fraîche et que tout à coups vous apercevez un gros trou c'est que je suis passé par là Je lutte sur les derniers mètres, c'est tout blanc et à force de volonté, j'arrive au panneau indiquant la direction du crêt de pela destination tant convoitée. La vue sur les Alpes n'est pas dégagée, dommage. Heureusement le soleil m'aidera dans la dernière ligne droite. Le panneau indiquant le Crêt de Pela et ses 1495 mètres peine à sortir de l'épaisse couche de neige qui l'ensevelie.
Je suis un peu déçu de l'arrivée car il est vrai que la « carrure » de ce crêt semble bien triste face au Reculet ou au crêt de la Neige du fait des sapins qui le recouvre. Malgré tout, je suis content d''être arrivé à bon port! Je sors alors le « casse croûte » qui va faire du bien. Je n'ai plus trop d'eau j'essaye alors de mettre de la neige dans ma gourde espérant qu'elle fonde(elle n'a jamais fondue même en la mettant dans mon sac).
Le panneau du crêt peine à dépasser de l'énorme couche de neige!
Il faut dire qu'il doit faire -10 voir -15 ° Celsius. D'ailleurs, lorsque le soleil laisse la place à la brume, je me décide de redescendre par l'autre côté qui a vu déjà passé il y a quelques jours des randonneurs. De ce fait, une trace m'indique mon retour et a tassée légèrement la neige ce qui rend moins difficile ma descente dans cette épaisse couche neigeuse.
Il est amusant de glisser sur les raquettes de neige (tant que l'on tombe pas...). Attention aux chutes et aux chevilles! Plus tard, je suis plutôt fatigué mais il faut bien rentré et si possible en évitant les skieurs. Il me faudra quand même traverser plusieurs pistes de ski(attention!) pour rentrer au fur et à mesure plus près de la voiture. Je n'en peux plus, le final se déroule dans de la poudreuse fraîche. Que c'est dur ! Je pense qu'il serait difficile de faire plus de 10 kilomètres par jour dans une telle épaisseur même à plusieurs. Finalement, heureusement que les pistes damées m'ont aidées à monter au départ. En redescendant, je vois passer une extraterrestre, il s'agit d'une femme qui monte une piste avec des ski de randos ?
Ces ski imitent mes raquettes et ont un axe qui permet à la personne de soulever son pied tout en poussant sur ses bâtons. Ca montait vraiment très fort mais elle avançait impassiblement. En plus elle était maigre comme un clou mais de suite, on remarque que ce n'est pas une touriste !
Je continue mon petit bonhomme de neige heu...de chemin et à un moment donné, j'ai presque voulu rallonger la balade mais non j'en avais vraiment pleins les « pattes » au sens propre du terme. Dans cette épaisseur de neige, il faut bien soulevé les jambes et les entre cuisses souffrent vraiment. Je décide donc de descendre pour arriver très bientôt au chaud dans la voiture.
Dans cette balade, l'équipement choisi (raquette, chaussures et chaussettes....) m'a encore prouvé sa fiabilité même par ces températures plutôt basses. Je ne suis absolument pas mouillé des pieds, je n'ai eu froid d'ailleurs (sauf au mains lors des prises photos). Les guêtres se sont évidemment avérées indispensables!
Le GPS a fait office de carte sur cette balade et finalement il s'est plutôt bien débrouillé car il est vrai que sans lui je ne me serais pas autant aventurer car difficile de suivre un chemin recouvert d'un mètre de neige même avec une carte.
En conclusion, superbe balade dommage qu'il y ait un peu trop de skieurs en cette période ce qui casse au départ un peu la sensation de nature. Plus loin (vers le sommet) c'est le contraire, on est tout seul c'est excitant et effrayant à la fois. Je vous recommande la plus grande des prudences surtout si comme moi vous êtes tout seul. Le côté physique d'une sortie raquette dans une telle épaisseur n'est surtout pas à négliger.