Pourquoi partir à vélo, à pied ou en voyage sans moteur ?

I] Avant propos

Si mon site web s'appelle de cette façon c'est qu'il y a une raison. Cette question trotte sans cesse dans ma tête, pourquoi choisir le VTT pour partir un jour, un week-end ou bien plusieurs semaines, mois ? Ne chercherais-je pas tout simplement à fuir un monde, ou plutôt à le vivre à fond ?

VTT avec remorque monoroue aux pays bas Vous souhaitez partir ? Avoir ce goût de liberté dans la bouche, vous coupez du monde extérieur si agressif et finalement de plus en plus dénué de sens ? Vous êtes à la recherche d'un moyen de locomotion vert, économique et finalement gratifiant ? Voyez ce que je peux vous apporter via cet écrit pour vous aider à prendre cette décision qui sera peut être une des plus grandes de votre vie.

« Pourquoi » : Mot hautement philosophique (qui a dû en tracasser plus d'un sur Terre) sur lequel je ne cesse de me questionner. Ma réponse est susceptible d'évoluer. Ce que je ressens aujourd'hui sera peut être bien différent dans quelques temps. Après plusieurs dizaines d'heures assis sur des selles ou à randonner, voici une esquisse de réponse.

Le choix du VTT, du vélo en général est quelque chose qui doit venir du cœur, une grande part de motivation doit émaner de votre personnalité. Quand on part, que l'on sort son vélo du garage, la plénitude et un sentiment de liberté doit faire son apparition. Pour les plus rétissants, essayez, vous serez sans doutes conquis après quelques sorties. Peut-être aussi que vous n'êtes pas fait pour ce mode de déplacement mais sachez qu'il existe aussi des vélo à 3 roues (Trike), des vélos couchés ou des tandems. Après tout cela et si rien ne vous convainc vous pouvez également vous essayez à la marche, au kayak... tant que le moteur c'est vous, vous avez tout compris Clin d'œil.

Trike, vélo  à 3 roues sur Vlieland Pour moi, ce moyen de locomotion est idéal pour découvrir notre environnement. Il me semble être le meilleur compromis entre la lenteur nécessaire pour s'imprégner des choses qui nous entourent et la rapidité pour ne pas s'ennuyer. L'avantage est aussi de pouvoir parcourir tout de même de grandes distances en peu de temps (tout est relatif évidemment). Les 50 kilomètres par jour sont largement envisageable en vélo. Bien sûr, « grandes distances » n'a pas la même connotation pour le marcheur qui lui même sera dans une autre dimension car visant plutôt les 15 à 25 kilomètres par jour. La voiture sera plutôt dans une logique de centaines de kilomètres et pour l'avion de milliers de kilomètres.

J'aime parler de « dimensions » pour "catégoriser" les différentes méthodes de déplacements. Le vélo (tout comme la marche) a, je trouve, cette dimension à taille Humaine que l'on semble perdre de jour en jour dans nos sociétés. En vélo ou dans tout autre moyen de déplacement doux, l'homme reprend de la « valeur » car il est lui même son propre moteur, il est remis au centre du sujet. S'il souhaite aller à un endroit, il devra y donner du sien, de sa volonté de sa passion. Il devra aussi prendre en compte ses besoins primaires : manger, boire, dormir, découvrir, apprendre..., ces choses essentiels sont remises à un niveau très important. Dans votre maison, vous souhaitez boire une eau de qualité ? Tournez le robinet. Manger un morceau ? Ouvrez le frigo...
Partir en vélo, à pied ou tout autre moyen où vous êtes l'acteur principal fait de l'Homme (avec un grand H) une entité à mon sens plus humble.

Vos yeux s'ouvrent, s'écarquillent, et perçoivent le monde différemment. Différemment de celui que l'on souhaite vous faire croire. Je ne ferai pas ici de politique mais il me semble clair que nos dirigeants semblent vouloir nous museler en nous créant de plus en plus de besoins dont nous n'avons clairement pas besoin. C'est pourquoi, partir c'est aussi laisser tous ces biens derrière vous qui finalement ne vous seront pas utiles en pleine nature. Car une chose est sûre, vous devrez faire des choix sur ce que vous emporterez. Au début, peut être vous souhaiterez « en emporter » un maximum mais vous remarquerez très vite que des choses qui vous paraissaient indispensables hier ne le seront plus après quelques kilomètres.
Finalement, le voyage tend à simplifier notre vie. Mais n'est-ce pas là un axe important que nous recherchons peut être sans nous en rendre compte ?

Bivouac  lors du périple des Pays-Bas
Parfois, dans la vie on ressent le besoin de se remettre en question, difficile de l'expliquer. Certain appellerons ça la crise de la Quarantaine mais ce besoin peut se ressentir à tout âge.
Ainsi, un voyage peut être une grande opportunité, faire ce que notre corps et notre esprit semble vouloir. Ce besoin, ce n'est sûrement pas se renfermer sur soi-même mais d'aller vers les autres (même si les moments de solitudes peuvent aider), voir ailleurs de nos propres yeux comment l'on vit pour ne pas être à la fin de votre vie déçu en disant « si j'avais su » ... A ce propos, je vous propose une question qui me tarode :  : Est-ce que les personnes autour du monde qui ne possèdent pas tous les biens des pays riches sont-elles si malheureuses que cela ?

Une année sabbatique peut être l'occasion de créer un projet qui relancera ce besoin ancré au fond de chacun de nous : l'aventure et la découverte de notre environnement.

Au delà d'un voyage de plusieurs mois, il peut être tout aussi bénéfique de partir quelques jours ou semaines pour vous adapter à un tel mode de vie pour au final en profiter au maximum lors du voyage.

Il n'y a pas de réelles règles ni de guides du bon voyageur. D'ailleurs souhaitez vous être guidé ? Je ne vous le souhaite pas car un voyage est unique à chaque personne. Votre décision soyez en sûr doit être évidemment réfléchie mais sera bien meilleure que celle d'un ami ou d'un professionnel du voyage car ici je le rappelle c'est vous l'acteur. Chaque décision aura un impact sur votre voyage. Décider de prendre ce chemin plutôt qu'un autre sera une décision de la plus haute importance. C'est à vous de construire cette aventure. Par contre, les conseils sont toujours bon à prendre et ne devenez pas non plus trop sûr de vous. Humble est le mot qui convient et qui me vient à l'esprit pour décrire l'état que j'adopte et que vous devrez d'après moi adopter avant de vous lancer.

II] Partir oui, mais avec qui ?

Seul ou à plusieurs ? Partir seul à un avantage certain, c'est celui de faire ce que l'on veut, vous n'avez aucune concession à faire, vous êtes le seul maître à bord. Vous voulez vous arrêter, prendre une photo, c'est à vous de voir ! Cet avantage n'est pas des moindres soyez en sûr. Pourtant, des désavantages existent, comme le fait de devoir tout porter soi-même. A plusieurs, vous pouvez mutualiser la tente par exemple ! Être seul peut être aussi un problème, trop de solitude tue la solitude.  Par contre cela peut être une bonne manière de se tourner vers les "autochtones" et donc profiter à fond de votre voyage et pourquoi pas de faire une rencontre inattendue sur votre chemin...


Départ vers le massif du CanigouL'autre solution qui semble représenter un bon compromis est celle de partir en doublette (2 hommes, 2 femmes, ou mixte). Partir en couple peut être aussi une merveilleuse aventure qui peut être vous fera redécouvrir votre partenaire et renforcer vos liens affectifs. A deux vous pouvez mutualiser les objets (inutile de prendre tout en double) mais aussi les tâches quotidiennes comme la préparation des repas... A deux vous êtes aussi psychologiquement plus rassuré ce qui vous permettra peut être de faire le grand pas : partir !

Le partenaire doit évidemment être de préférence minutieusement choisi car vous vivrez avec ce dernier et partagerez les bons et mauvais moments 24h/24 ! Prenez donc quelqu'un avec du caractère (qui ne décidera pas de lâcher l'aventure facilement) mais pas trop non plus pour que toutes les journées ne soient pas que des parties "d'engueulades". Le mieux est d'être assez souple et d'écouter le corps et l'esprit de chacun. Regardez aussi son côté "sportif" : avez vous la même forme physique que votre partenaire si oui très bien ! Imaginez maintenant si vous êtiez plus sportif que lui, cela ne vous ennuierait-il pas de l'attendre à longueur de journée ou à contrario souhaitez-vous faire attendre souvent votre partenaire? Ensuite, avez-vous des objectifs purement sportif ou purement touristiques ? Toutes ces questions sont d'autant d'axes à réfléchir de façon intensive avant de se lancer pour orienter la logique du voyage et le choix du partenaire.

La dernière possibilité est de partir à plusieurs tout court, plusieurs couples ou amis. C'est une solution à réfléchir avant de partir car il sera difficile de contenter tout le monde sur les parcours et le rythme à choisir ! (Plus on est nombreux, plus les décisions sont difficiles à prendre). Pour autant, je ne le répéterai jamais assez cette décision vous appartient Clin d'œil.


III] Aspects techniques

Une fois cet axe important choisi, il ne vous restera plus qu'à vous équiper en conséquence. Dure décision que ce choix, il existe tant de produits sur le marché. Dans un premier temps évidemment, vous devrez vous fixer un budget car si vous vous mettez en tête d'acheter le meilleur matériel partout, le vélo peut ne pas se révéler très économique! A savoir que des personnes partent avec leur vélo de tous les jours et ont parfois fait le tour du Monde. Au delà de ces deux extrêmes vous pouvez essayer de trouver le bon compromis entre prix et performance/fonctionnalités... Je ne voudrais pas que vous ne partiez pas à cause du coût d'investissement du départ !

Pour ce faire il n'y a pas de secret, se renseigner à travers des magazines comme Carnets d'Aventures , sur des Forums ou sur le site de partir-en-vtt.com (qui a dit « oh la pub ! » ? Langue tirée) est essentiel. Ensuite, tester et aimer le matériel choisi a aussi son importance. Si vous n'aimez pas monter sur votre vélo car il n'est pas beau (bien qu'il ait toutes les dernières technologies) alors, cela risque de compromettre votre voyage ou de ne pas prendre le plaisir escompté.


Panorama lors de l'ascention du jaunpass


Ce qu'il y a d'essentiel pour un voyage à vélo, c'est le vélo ! Choisissez le bien avec un professionnel qui vous guidera vers le bon choix selon votre morphologie et vos attentes. Vous pensez faire beaucoup de routes ? Peut être n'est-il pas essentiel alors de prendre un VTT tout suspendu mais un VTT rigide voir un VTC (Vélo tout Chemin)... Certains s'orienteront vers un vélo appelé «randonneuse» (attention souvent très coûteux), ce sont des vélos conçus spécifiquement pour de très grands voyages. On peut citer le silkroad par exemple ou le vélo de cyclo-randonnée

Le principe : solidité et simplicité et efficacité. En effet, imaginez que vous êtes en Afrique et qu'il vous arrive un souci technique important. Si vous avez un vélo hyper complexe, il vous sera difficile de trouver ou de bricoler une pièce hyper technique vendue qu'en Occident ! Le cadre doit être choisi en toute connaissance de cause, car aujourd'hui ils sont de plus en plus en aluminium. Ils sont (certes) plus légers mais difficiles à réparer lors de casse. Il faut savoir que l'aluminium ne se soude qu'avec du matériel spécifique alors que l'acier lui se soude bien plus facilement ! Pour autant, certaines personnes partent avec des cadres en aluminium et en sont très content, il faut dire que l'on y gagne en poids.

Vient ensuite le matériel à emporter pour que tous se passe bien, entre efficacité et légèreté il vous sera nécessaire de faire les bon choix pour profiter un maximum de votre voyage qui se prépare. Pour ce faire, je vous invite à venir sur la page qui en parle : Le matériel pour partir en voyage et sur les tests spécifiques que j'ai pu faire de mon matériel. Ensuite, il vous faudra des bases de mécaniques pour entretenir votre matériel, remplacement du câble de freins, réglage du dérailleur, changement d'une chambre à air paraît essentiel avant de se lancer même si rien de mieux pour apprendre est d'être confronter au problème en question. Un peu de théorie et de pratique n'est quand même pas du luxe. Homme ou femme n'ayez pas peur de vous salir les mains car ce sera un réél plaisir que de ne faire plus qu'un avec votre monture, prenez soin d'elle et elle saura vous remercier plus tard !

Pour emporter tout ce matériel il vous faudra par la suite choisir un mode de portage. Entre la remorque, le porte bagage ou les deux, il va falloir choisir et le débat entre les pro remorques et les pro porte bagage ne cesse de faire des victimes! RigolantJe vous invite donc à lire le dossier qui tente de faire revenir la paix entre ces deux façons de porter ses affaires : Remorques VS porte bagage

IV] L'objectif

Tente vaude taurus ultralight xpFaire son parcours , préparer son voyage c'est assurer une bonne partie de réussite du projet. Connaître les pays et les particularités auxquelles vos serez confrontées comme par exemple permet le fait de devoir ke contourner, de préparer des papiers spécifiques pour y rentrer ou en encore faire en amont des vaccinations particulières (fièvre jaune...).

Avoir un objectif sur la durée de votre voyage semble être une bonne idée. En effet, un objectif est souvent synonyme de motivation et d'envie. Ces envies doivent être partagées si vous partez en équipe. Attention par-contre de ne pas être trop « gourmand » et ambitieux ( phase d'euphorie au début du projet) car si on y réfléchit, le mot « Objectif » est intimement lié au mot « échec » car c'est lorsque l'on n'atteint pas ce dernier que l'on est en position d'échec.

Avec du recul, un voyage itinérant ne doit pas être trop cadré et, arriver chaque soir à une étape précise (nécessité d'arriver à un refuge chaque soir) me semble inopportun dans l'état d’esprit que nous aimons avoir lors d' un voyage itinérant. Ce dernier (nldr : le voyage) doit se construire jour après jour et, dans l'idéal peut s'arrêter ou se prolonger sans que cela soit vécue comme une contrainte. Dans la théorie, c'est facile à dire mais dans les faits réels, ce n'est pas toujours réalisable.


Le sentiment d'échec, nous l'avons déjà rencontré lors de notre tentative de GR56. Ce sentiment que nous avons eu est uniquement du au fait que nous souhaitions faire l'ensemble du GR56 (notre objectif). Si nous étions partis avec une logique plus libre telle « Empruntons le GR56 et nous verrons bien ou nous irons... » - et bien, le constat n'aurait pas été le même, aucun sentiment d'échec n'aurait été relevé. Comme quoi se donner des objectifs, ce n'est pas toujours très opportun ! Essayez donc de trouver un bon compromis entre préparation et la liberté qu'un tel voyage offre. De toute façon, vous aurez à coup sûr vos lots de surprises qui, un jour ou l'autre viendront compromettre votre objectifs du jour comme une mauvaise météo, route bloquée et autre joyeuseté du genre ! Savoir renoncer à un objectif est considéré par la plupart des gens comme un échec mais entre nous soit dit, il s'agit bien plus de sagesse que d'échec.


V] Et en bonus un peu de philosphie sur le thème de la liberté : La liberté selon JP. SARTRE

« Il faut, en outre, préciser contre le sens commun que la formule "être libre" ne signifie pas "obtenir ce qu'on a voulu", mais "se déterminer à vouloir (au sens large de choisir) par soi-même". Autrement dit, le succès n'importe aucunement à la liberté. La discussion qui oppose le sens commun aux philosophes vient ici d'un malentendu: le concept empirique et populaire de "liberté" produit de circonstances historiques, politiques et morales, équivaut à la "faculté d'obtenir les fins choisies". Le concept technique et philosophique de liberté, le seul que nous considérions ici, signifie seulement: autonomie du choix. Il faut cependant noter que le choix étant identique au faire suppose, pour se distinguer du rêve et du souhait, un commencement de réalisation.
Aussi, ne dirons-nous pas qu'un captif est toujours libre de sortir de prison, ce qui serait absurde, ni non plus qu'il est toujours libre de souhaiter l'élargissement, ce qui serait une lapalissade sans portée, mais qu'il est toujours libre de chercher à s'évader (ou à se faire libérer) - c'est-à-dire que, quelle que soit sa condition, il peut pro-jeter son évasion et s'apprendre à lui-même la valeur de son projet par un début d'action. » (Jean Paul SARTRE, L'être et le néant)



Posté le 07/07/2010 à 19h27 par Loic
M.à.j le 02/10/2012 à 16h06

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