Comme vous le savez si vous êtes un lecteur assidu de partir-en-vtt (attention sinon!), nous sommes partenaire du site Internet cyclo-randonnée. Julien, le créateur de ce site nous a fait confiance sans même nous connaître en nous mettant à disposition du matériel de qualité à tester comme le Test des duvets Vaude, ou encore de la Veste de pluie Vaude afin que les lecteurs de nos tests puissent se faire une idée du matériel avant d'investir dans celui-ci. Pour le remercier mais aussi pour se connaître réellement quoi de mieux que d'organiser une petite randonnée dans ce massif qui nous tient à cœur à savoir le Jura. Nous discutons un peu matériel et sachant que la neige n'est pas très présente, nous misons à la fois pour des raquettes et des crampons 10 pointes en cas de névés dans les descentes. (on pourra trouver la liste du matériel emporté par moi et Flo). Le départ est fixé pour le vendredi après-midi en direction de Chezery-Forens. Nous avons réservé au gîte le relais des moines et au refuge du Gralet. Les conditions météorologiques sont assez peu encourageantes et la neige est annoncée pour dimanche.
Je rencontre Julien dans un bistrot à Lons-le-Saunier buvant un café à côté de son gros sac à dos. Les présentations faites, nous partons chercher Flo avant de partir en direction de Chezery-Forens. Le relais des moines propose un service de qualité dans un somptueux bâtiment construit par les moines. Le repas est aussi incontournable. Nous nous posons dans notre chambre et allons dîner afin de se connaître davantage. On parle bien-sûr de nous, de lui... On échange, on lance des débats sur divers sujets et après l'excellent repas, nous irons dormir car le levé est prévu pour 6h45.
Au réveil, nous prendrons le petit déjeuner dans la salle commune du gîte avant de nous éclipser par la porte de derrière (tout est vraiment prévu dans ce gîte!).La journée s'annonce longue et difficile et il ne faudra pas se reposer sur ses lauriers. L'objectif du Jour s'appelle le Crêt de la Goutte, le fameux crêt que nous n'avons pas pu voir lors d'une autre ascension.
La nuit devrait se passer dans le refuge du Gralet. Le matin, il fait plutôt beau et l'ascension en direction de la station de Menthières se passe très bien. Arrivés à Menthières à 11 heures et il faut encore bien d'après nos renseignements 1h30 pour arriver au Crêt de la goutte. Par la suite, nous lançons nos jambes en direction du fameux crêt mais en arrivant sur la crête, le brouillard nous rejoint et nous encercle complètement. La vue semble malheureusement compromise alors qu'il y a une heure le ciel était clair. Bientôt, nous ne voyons plus à 50 mètres et c'est au GPS et grâce aux poteaux du GR que nous nous guidons. Je ressens que tout le monde se crispe un peu car il est en effet difficile de rester calme dans ce genre de situation surtout dans un endroit ou il n'y a que de l'herbe ou de la neige et donc aucun chemin clôturé par les arbres. Je guide la troupe en espérant ne pas trop me tromper. Nous passons en dessous de l'objectif, le crêt de la goutte ne sera pas encore pour aujourd'hui. Serait-on maudit ?
Nous continuons en direction du chalet du sac pour aller manger quand soudain nous rencontrons deux types en raquettes. Je les aborde « vous venez d'où ? » quand soudain je me rend compte qu'il s'agit soit des gardes de la réserve soit des gardes de l' ONCFS (Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage). Ils sont là pour faire de la prévention et « coller » des amendes aux personnes ne respectant pas les zones de quiétudes du grand tétras. Il est aussi interdit d'amener son chien dans la réserve même attaché. Nous les retrouvons au chalet. Justement un couple à un chien dans la cabane...et nous ne saurons pas si ces gens ont pris un PV. Nous engageons la discussion. Au passage, j'ai le droit à une remarque de l'un d'entre eux sur mon couteau carcajou « sacré couteau me lance t-il » mais ça ne va pas plus loin car je rétorque en coupant mon saucisson « oui c'est un couteau à tout faire ».
La conversation se dirige sur notre parcours puis nous parlons des zones de quiétudes et de l'interdiction d'avoir un chien. Je leur fait remarque que la chasse ici est autorisée (tout comme dans la réserve naturelle du Vercors) et que ces mêmes chasseurs viennent avec leurs chiens. Je n'ai pas peur de leur dire que pour avoir un chien ici, il faut un fusil. Et étonnement, ils acquiescent et comprennent le malaise que cela peut entraîner entre les différents protagonistes des lieux (marcheurs/chasseurs). On parle un peu politique et du lobby que représente la chasse en France...puis ils partent et nous mangeons. Dehors, le temps est toujours aussi exécrable et nous repartons assez tardivement en direction de la Poutouille (cabane) et puis plus loin du Gralet.
Nous devons suivre le GR mais la fatigue du guide (moi même) fait que je loupe un chemin à droite car nous nous obstinions à suivre des traces (grosse erreur) car nous étions fixés sur celle-ci (question de facilité). Nous descendons un chemin et le demi-tour est inévitable après 400 mètres de descente. Pour autant nous ne sommes jamais gravement perdu mais la fatigue, ajouté au climat peu propice et à l'heure qui tourne il s'avère que l'on a été un peu gourmand. Pour autant, le stress n'est pas insoutenable car nous savons qu'entre la cabane du Gralet et nous, il y a une autre cabane appelée « La poutouille » et nous pensons de plus en plus nous y arrêter. Le brouillard est toujours aussi dense et nous sommes de nouveau sur le GR du Léman. Quelques petits passages techniques et une bonne montée puis très bientôt nous arriverons à la cabane. A 100 mètres de celle-ci nous ne la voyons même pas. Seul le GPS me fait dire qu'elle est là quelque part en face de nous. Nous entrons dedans pour voir si nous pouvons nous y arrêter et pour voir si la porte se ferme bien histoire de passer une bonne nuit !
C'est décidé, nous dormirons ici à la place du Gralet car il se fait un peu tard et la fatigue s'accumule. Nous risquerions d'arriver à la tombée de la nuit ce qui n'est pas du goût de tout le monde. Demain est un autre jour et nous déciderons du chemin du retour. On se déshabille puis je regarde pour lancer le feu dans le poêle à bois mis à notre disposition dans ce refuge pour 4 personnes. Il y a du bois sec et je fais une petite démonstration des capacités du couteau de survie carcajou en faisant du petit bois en utilisant la technique du bâtonnage. (on tape sur la lame avec un bâton pour fendre ou couper une branche de section importante). La pression tombe et il est l'heure de faire fondre de la neige afin de nous réhydrater avec du thé.
Pour ce faire, nous utilisons le très bon réchaud multi-combustibles Elderid Hexon que nous testons dans cet article. L'heure du repas a sonné. Ce soir, ce sera riz à volonté avec des petites saucisses et en dessert une crème mont blanc (le luxe). A défaut de voir le vrai nous nous régalons de celui à la vanille:) La nuit s'annonce bonne dans nos Icepeak 1000. La soirée est plaisante et après cette journée difficile nous savons déjà que Julien est devenu un ami c'est ça aussi la magie de la montagne !
Dehors, il neige ce qui n'est pas surprenant car elle était annoncée. Nous décidons du chemin de retour pour demain. Nous ferons plus court en suivant la GTJ pour rejoindre Menthières puis Chezery par le même chemin que la montée. Demain nous devrions avoir une bonne grosse poudreuse pour redescendre ! Réveil tardif vers 8 heures, la nuit se passe bien et elle est réparatrice même si les courbatures peuvent faire grimacer quelques visages! Dehors il a beaucoup neigé (30 à 40 cm!).
Le vent est de la partie et le brouillard n'a pas lâché les monts du Jura. Pour autant il fait un peu plus clair que hier après-midi. C'est bien habillé que nous nous élançons pour le retour dans cette excellente poudreuse. Au début, il est difficile de se repérer car les traces ont disparues mais on progresse tranquillement et nous repassons le petit passage technique d'hier assez facilement car les roches sont recouvertes de neige. Arrivés à un croisement, nous devons quitter le GR pour la GTJ (Grande Traversée du Jura) et c'est au GPS que je nous engage sur la trace qui devient très rapidement une énorme descente dans une poudreuse royale ! Magnifique et à la fois flippant. Les TSL 325 escape easy régissent très bien même si l'on aura le droit à quelques petites chutes à cause de pierres cachées. A un moment on doute vraiment car la pente est vraiment intense mais une trace GTJ nous confirme notre bonne route. L'arrivée à Menthières est imminente et déjà la neige est plus collante à cause d'une douceur plus prononcée. Dans tous les cas de superbes paysages s'offrent à nous en cette seconde journée.
La descente finale s'annonce et au fur et à mesure de celle-ci, la neige disparaît et nous délaissons les raquettes. Les genoux chauffent et la faim nous taraude. Nous arriverons vers 14h30 à Chezery-Forens où nous mangerons notre casse croûte dans...un café où nous discutons de ce week end fort en sensation ! Le retour se passe bien même si nous serons prudent sur la route enneigé. Julien s'en retourne dans sa contrée et nous nous promettons de remettre ça un jour où il fera beau !
Superbe balade qui nous a permis de nous faire un ami qui partage nos convictions sur les voyages doux. Ce fût aussi l'occasion de tester notre capacité à nous orienter et à faire face à un climat très exigeant et stressant (brouillard, neige, vent). Nous savons que là haut il faut toujours faire attention et partir bien équipé afin de ne pas être pris au piège. Les éléments nous remettent à notre place très rapidement et nous rappellent notre place ici sur terre à nous qui sommes si petit !
Bien-sûr, nous remercions Julien pour sa gentillesse et la confiance qu'il a placé en nous pour nous mettre à disposition du matériel de grande qualité mais aussi de nous avoir suivi dans ce brouillard parfois flippant ! Nous espérons que nous pourrons lui montrer très prochainement le beau panorama que donne les monts Jura sur les Alpes et le lac Léman.