Carnet de route de Loïc et Flo
17 jours à travers les Alpes au départ du Jura français
Florence (Par Loïc)
Elle aime depuis toujours le vélo. C'est elle qui m'a invité à participer à un voyage aux Pays-Bas. Nous avons remis ça avec ce second périple dans un endroit bien différent : les Alpes. Un physique incroyable, une ténacité, une pugnacité (les superlatifs pourraient manquer) et un super mental voici quelques mots pour caractériser ce petit bout de femme sportive. Têtue et parfois râleuse (à cause de son origine stéphanoise me dit-elle) elle sait ce qu'elle veut et fait tout pour atteindre l'objectif qu'elle s'est donnée. J'ai de la chance de l'avoir comme petite amie dans la vie et comme co-équipière lors de nos balades d'un jour ou de nos périples. Elle sait me remotiver dans les moments difficiles et je suis sûre de pouvoir compter sur elle dans toutes les conditions. J'ai pu le constater encore durant ces 17 jours. Avec son Lapierre Tecnic 700 Lady, elle ne jure que part les sacoches pour transporter ses affaires. En montée, rien ne l'arrête. Souvent (trop si j'étais macho), elle est devant moi. En descente, plus prudente, elle reste le plus souvent derrière moi (ahah )!
Loïc (Par Florence)
Aventurier dans l'âme, il n'a pas fallu beaucoup de temps pour lui faire aimer les voyages à vélo. Disons, qu'il a commencé par le meilleur pays pour ça : les Pays-Bas. Cette année, notre voyage était plus un défis mais les récompenses des belles montagnes enneigées nous a convaincu. Confiante qu'il ferait tout pour y arriver, je n'ai pas été déçu, et même très fière comme pour passer le Grimselpass. Disons que je ne serais pas passée s'il n'avait pas eu la volonté et l'insouciance de me pousser à pédaler jusqu'au sommet. Têtu et fougueux, il donne tout son physique pour atteindre le sommet et en prendre le plus beau panorama alpin en photo. Carburant au fromage et au chocolat Suisse, il peut pédaler des kilomètres si à la fin il existe une belle vue à contempler.
Surprise par cette passion pour les montagnes, il a pu effectuer ce périple avec son Rockrider 8.1, qui est solide et fiable pour toutes ses sorties, accompagné d'une remorque qui peut contenir pas mal d'affaires (un peu plus que des sacoches mais en plus bordélique!)
Depuis que nous avons tenté l'expérience et goutté à l'ivresse, la satisfaction du voyage à vélo aux Pays-Bas, nous ne parlions que de ça : repartir. Oui mais où, quand et combien de temps ? Au final, nous décidons de commencer l'aventure du pas de notre porte : dans le Jura, ce pays qui est devenu le notre. Et quel pays! Le jura est si riche en paysages que l'on en perdrai la tête. Vignes, cascades, montagnes, bref le bonheur . Quoi de plus beau alors pour rendre hommage à ce territoire de le traverser sans moteur...à vélo et à la seule sueur de notre front...et à la douleur de nos fesses! Cette traversée nous emmènera aux portes de ce petit pays qui a toujours su rester neutre : la Suisse. Cette Suisse dont nous ne connaissons rien nous ouvrira ses secrets pour notre plus grand plaisir. Quelques hauts sommets sont prévus durant notre pérégrination tels le « Grimselpass », le « Furkapass » ou le « Grand Saint Bernard ». Si, par chance, nous réussissons à passer ces derniers, ils nous offriront des vues imprenables sur les hauts sommets alpins. A cette heure-ci où j'écris ces lignes, ces cols ne sont pas encore ouverts à cause du manteau neigeux les recouvrants. Heureusement, au fur et à mesure de notre voyage, ces cols devraient s'ouvrir. Ainsi, le passage des Alpes Suisses devrait nous permettre d'arriver en Italie et ses lacs Majeur et d'Orta. La vallée d'Aoste et son jambon prendront alors le relais pour nous donner force et courage pour affronter le col du Grand Saint Bernard à 2473 mètres. La vue du lac Léman annoncera le début de notre retour vers le Jura qui nous aura vu partir trois semaines auparavant.
Trois semaines. C'est qu'il en faut du temps, justement pour le prendre et observer le monde qui nous entoure. Trois semaines à vélo sous les conditions climatiques que le destin aura choisi pour nous. Trois semaines aussi pour faire ce break et s'émerveiller avec des choses simples, bref revenir à l'essentiel : boire, manger, dormir et découvrir(...et pédaler). C'est aussi pendant un moment outre passer tous ces besoins que la société nous crée dont nous n'avons en réalité nullement besoin. Prendre du recul face aux autres, face à soi. C'est aussi tout ça partir en vélo plusieurs semaines très loin des vacances conventionnelles qui ne me correspondent pas.
En cette première journée, le 24 Juin 2010 pour être précis, le départ est donné. Pas de sponsors, pas de publicité (seulement une news sur notre site). Nous partons libre comme l'air après une photo de nous deux propres et chouchoutés dans notre appartement Jurassien. Les premiers coups de pédales sont donnés sous un soleil brulant. De suite, le ton est donné, ce périple n'aura rien de comparable à celui des Pays-Bas en ce qui concerne le dénivelé positif.
Nous arrivons à Saint Laurent la Roche, un petit village typique du Jura est perché sur une crête du premier plateau. C'est qu'il faudra en jouer du plateau ou plutôt des pignons pour franchir ce premier obstacle. Arrivés au-dessus, on commence à se rendre compte : nous sommes partis mais pas totalement car nous connaissons ces chemins, ces villages que nous côtoyons lors de nos petites balades. Bientôt, il en sera différemment. Qu'importe, comme deux insoucieux, nous continuons la route dans une campagne résolument protégée, comme hors du temps. Les petits cols s'enchainent et les montées de plus en difficiles viennent tarir notre fougue matinale.
Les villages s'enchainent et très rapidement, nous arrivons au Lac de Vouglans. Le passage sur le Pont de la Pyle est recommandé pour la superbe vue sur la troisième retenue d'eau de France avec 620 millions de mètres cubes d'eau! La pause déjeuner s'impose juste après ce pont. S'en suivra une montée infernale sur une route chauffée à blanc par le soleil. Pour ce soir, nous visons la commune de Prénovel, là où les premières stations de ski font leurs apparitions. Ce ne sera donc pas notre dernière montée de la journée, loin de là...
Huit kilomètres de montées plus tard nous arrivons à Etival.
Nous n'arrêtons pas à notre grand dam de monter pour redescendre car le massif jurassien à cette particularité d'avoir ses crêtes orientées Nord-Sud et nous allons plein Est, ce qui nous fait monter pour...redescendre et bien-sûr remonter un peu plus loin! Mais qu'il est agréable de pédaler à son rythme dans ces forêts où très peu de voitures osent s'aventurer. La fatigue commence à pointer son nez mais pourtant Prénovel nous attend et il faudra mériter cet endroit où les prairies et les vaches sont reines!
Ce matin , nous sommes partis à une altitude de 250 mètres, ce soir nous sommes tant bien que mal arrivés à 940 mètres. Nous trouverons un endroit où bivouaquer à Chaux-des-Près. Un endroit tout bonnement génial sur une herbe verte où papillons, chants d'oiseaux et limaces s'en donnent à cœur joie. Premier montage de tente, en cette nuit étoilée déjà pleine de souvenirs de la journée. Le voyage commence vraiment, la plénitude générale règne autour d'un morceau de saucisson jurassien.
Quatre litres d'eau et quatre litres de sueur, c'est ce qu'il m'aura fallu pour faire cette étape longue de 72 kilomètres. Le départ de Chaux des Près avec la ferme intention d'arriver et de se pavoiser devant le lac de Joux. Mais pour se faire, il faudra affronter des sommets Jurassiens peu enclins à nous laisser passer! C'est qu'ils se méritent ces sommets si « modestes » soient-ils en termes d'altitudes. Les paysages et les découvertes se méritent et en vélo cela se paye à coup de sueur, de volonté et de quelques souffrances mais la récompense en est que meilleure soyez-en sûre! Par chance un climat très ensoleillé, certes trop chaud nous permet d'entrevoir les plus beaux tableaux du Jura. La veille après une rude étape nous nous sommes endormi dans un champs à l'abri des regards et la nuit fut réparatrice. L'importance du choix de cet endroit est crucial. Se sentir bien, en sécurité relative car étant finalement pendant un moment SDF et avec ce possible regard des autres de « squatteurs qui pourraient voler vos nains de jardins... ».
Loïc, forêt du Risoux, Mai 2010 Personne pour autant ne viendra nous déranger!
Bref, nous poursuivons vers le village de Tancua là où la nature règne en maître, c'est tout simplement somptueux ce chemin en pleine forêt. On adore le Jura, on est fan du Jura. Son côté sauvage nous donne cette sensation de bien-être et de vivre quelque chose de fort hors de tout les préceptes de vacances pré-établis par notre société. La re-descente vers la ville de Morez nous rafraichit avant d'entamer le gros morceau de la journée : le col de Mouthe. Une heure, c'est ce qu'il nous faudra pour monter ce col infernal (notez le mot infernal!) sous une chaleur étouffante et une route trop grande pour nos petits vélos mais tellement bien pour les voitures! A l'arrivée, épuisés, nous décidons de nous octroyer un petit moment de détente en goûtant la cuisine locale dans un petit restaurant à Bellefontaine. Après une petite sieste à l'ombre d'un arbre généreux, nous reprenons les vélos avec ce petit mal de fesses qui nous fait dire que nos fessiers n'apprécient pas trop cette façon de voyager. Ils s'habitueront!
Nous sommes à 1000 mètres d'altitude et le col du Risoux, en pleine forêt, se situe 250 mètres plus haut. Toujours sous une chaleur de plomb, nous nous élançons. Les innombrables virages auront presque raison de ma volonté à pédaler. A l'arrivée, les paysages sont somptueux. La descente s'annonce vers Bois d'amont, village à la frontière franco-suisse. Les freins à disques chauffent du fait de notre poids. Arrivés à Bois d'Amont, nous nous arrêtons pour acheter une chambre à air de secours pour ma remorque. Le vendeur très sympathique à défaut d'avoir ma chambre à air discute avec nous et de notre voyage. Il semble étonner de voir une fille me suivre et ne nous croit pas capable de passer le Grand Saint Bernard... c'est ce que nous verrons! Il relance aussi le débat sur la remorque et le porte bagage ;-) Il nous indique avant de partir un magasin en Suisse qui pourrait avoir ce que nous cherchons. Arrivés au magasin suisse, bingo, ma chambre à air est disponible. La frontière passée, nous devons payer en Francs Suisses et oui point d'euros ici même s'ils sont souvent acceptés (mais peu intéressants car le vendeur vous redonne la monnaie en francs suisse sans l'avantage de l'euro). C'est pourquoi nous avions changés 300 euros ce qui nous donnait 400 francs suisse. Change gratuit chez la Poste si vous y avez un compte (sinon 5 €). Petit bonjour à des routards Allemand en vélos dans le magasin, avant de repartir en direction du lac de Joux.
Face au lac de Joux, un seul mot me vient à l'esprit enfin à la bouche : superbe! Eau transparente, paysages merveilleux, on reviendra se baigner car après une tentative jusqu'aux genoux, l'eau était trop fraîche. La journée n'est pas pour autant finie. Nous décidons de longer la route du lac que nous pensions plate. Le plat, apparemment, on aime pas trop, ici! Une montée puis une descente pour arriver au village « le lieu ». Pour chercher justement un lieu de bivouac, nous décidons de passer le col de Mollendruz que l'on aurait dû passer le lendemain. La montée avec la fatigue accumulée de la journée se fait au mental. 1182 mètres. C'est enfin la crête puis la descente à 40 km/H nous emmènera plus proche de la campagne Suisse. La zone de bivouac est enfin trouvée face à un panorama grandiose : les Alpes et le lac Léman en contre-bas. Si j'avais des bras un peu plus long j'aurais presque pu les toucher, ces incroyables montagnes! Vue 5 étoiles au-moins selon les critères du voyageur sans moteur! Tente montée et repas pris avant de s'endormir avec les paysages rencontrés et à venir!
Debout 8 heures après une bonne nuit bien qu'agitée à cause de grosses rafales de vent remontants la vallée et quelques gouttes de pluie. Pour rappel, nous avons planté notre campement de fortune face à un paysage somptueux. Les Alpes nous appellent, nous iront à elles comme hypnotisés. Durant cette journée, nous devrions nous en rapprocher en traversant la campagne Suisse pour atterrir au lac de Gruyère.
Pour une fois, nous commençons la journée par une descente. Et quelle descente! Tout ce que nous avons montés du côté jurassien, nous le descendons côté suisse. 50 km/h, la remorque me donne une vitesse difficilement contrôlable. Les freins à disques Juicy 3 montrent leurs limites mais tout va bien avec quelques petites pauses pour refroidir les étriers de freins et les disques. Nous arrivons très rapidement sur la « plaine » Suisse. Si je mets entre guillemets le mot plaine c'est parce que ce secteur n'a que le nom de plaine. Ce sont des collines plus ou moins importantes qui nous baladent dans un superbe décor de campagne entre champs et magnifiques fermes. 15 kilomètres au compteur sans pédaler, c'est appréciable! Pourtant je le sens, la fatigue s'accumule et il n'y a pas que ça qui s'accumule : la crasse aussi et on commence à se dire que ce serait bien que l'on prenne une douche. Ce soir, peut-être, dans la ville de Bulle si nous trouvons un camping. Le chemin continue sur les itinéraires recommandés pour les cyclistes que nous adorons. Cela nous rappelle les Pays-bas avec ses innombrables petits panneaux indicateurs! On rêve d'avoir des indications comme cela en France et ailleurs! Malheureusement, c'est un doux rêve et l'engagement politique pour les vélos et les déplacements sans moteur en Europe n'est pas une priorité, à mon grand dam. Petit à petit, dans cette campagne suisse, nous montons, et montons encore pour atteindre 1000 mètres d'altitude et apercevoir les somptueuses montagnes de gruyère. 40 kilomètres au compteur, l'heure du repas de midi à sonner. Pâtes cuitent au réchaud à gaz avec un saucisson du coin et un temps agréable, que du bonheur. Puis, redémarrage vers Dommartin avec à la clé forcément une petit montée digestive .
La campagne suisse somptueuse, mérite le détour. Certainement oubliée face aux grosses villes de Genève et Lausanne...cette campagne est à voir et à revoir.
Grâce au GPS nous nous offrons quelques escapades sur les chemins ruraux, non permises avec notre carte au 1/4000000 (1cm sur la carte représente 4 km sur le terrain). On apprécie le GPS fort utile de temps en temps! Le GPS me permet aussi de voir à notre retour notre trace sur cette petite planète! Parfois (qui a dit souvent?!), nous sommes obligés de pousser notre moyen de locomotion face aux montées impitoyables que nous rencontrons mais que voulez-vous on se dit que c'est le « métier » qui rentre! Plus sérieusement à cette heure-ci, nous nous demandons si nous atteindrons la ville de Bulle. Avec plus de 70 kilomètres au compteur nos corps en ont marres. Pourtant, petit à petit, nous grappillons les kilomètres et arrivons à Bulle en quête du Saint Graal : une douche. Deux ou trois demandes à des passants et un jeune homme nous indique tout droit tout droit tout droit! Ok merci l'ami . L'orage grondait et la pluie n'a pas attendue notre arrivée au camping pour nous tremper. Qu'importe, ce soir nous l'aurons notre douche! Et qui plus est aux portes des Alpes où de beaux sommets bordent notre campement. Il nous en coûtera 25 francs suisses avec deux douches. A ce stade, le Français est encore parlé même si le patois, nous l'avons vu (enfin entendu), semble petit à petit prendre le dessus. Plus loin dans les montagnes l'Allemand ou le Suisse-Allemand prendra le relais. Dés lors, je ne comprendrais plus grand chose. C'est aussi ça, changer de pays. A cette heure-ci, il fait nuit et le maigre toit qui nous sépare du déluge extérieur semble encore tenir. Notre T2 ultralight pro va durant la nuit montrer ses limites. Non pas qu'elle ne soit pas étanche mais sa petitesse et nos nombreuses affaires ont tendance à coller la double parois à celle extérieure. Ce qui a pour conséquence de laisser rentrer l'eau à l'intérieur. Triste constat, le lendemain matin nous sommes pas mal « humidifiés » car il n'a pas cessé de pleuvoir, de façon violente, toute la nuit. La décision est prise de renvoyer la T2 ultralight, finalement trop petite pour ce voyage.
Aujourd'hui, nous changerons de maison, si un magasin à Bulle nous le permet. Bien-sûr une tente n'est pas une « vraie » maison, comme on l'entend par chez nous, ni par son prix ni son confort. Pourtant il est une chose essentielle que de bien dormir et de se sentir bien dans son petit « chez soi ». A Bulle, en cherchant un peu, nous tombons sur un magasin du nom de Trango.
A l'intérieur, se trouve le bonheur de tous les voyageurs « outdoor »! Le magasin est tenu par un couple amateur des sports extérieurs et ça se sent de part les conseils que l'on reçoit. Bien sûr tout dépend du budget mais voyez ce que j'ai à vous proposer de plus imperméable que votre T2 de Décathlon (il rigole). Trois tentes sur une table : une « vaude » (un peu chère), une « north face » (un peu lourde) et une « salewa » (marque que je ne connaissais pas, utilisée par Claude Marthaler, cycloroutard ) qui paraît pas mal. On la monte en magasin pour voir la tête qu'elle a! Quelle place! Il nous dit qu'il nous fait 20% car elle a déjà été montée une fois : fair-play!
On prendra celle-ci. Mais avant de partir, nous discutons de notre périple et il nous conseille de nous diriger vers la ville de Charmey où des thermes pourraient nous donner du baume au cœur suite à cette nuit agitée. Il faut savoir qu'aujourd'hui est un jour de repos. Pourtant nous pédalerons un peu en direction de Charmey, vers les thermes.
Passage sur un somptueux chemin dans les pré-alpes vers notre premier col alpin : Jaunpass (prononcez « yônepass » comme en allemand). Arrivés au fameux village, nous sortons les maillots de bains mais juste avant de nous engager dans le complexe de bains, un couple d'anciens vient à notre rencontre! « Vous v'nez d'où comme ça?! », « Du Jura Français. », « Oh mais j'connais! , j'y ai fait beaucoup de vélo par là-bas! » S'en suit une longue discussion sur nous et sur eux, des anciens routards. Aux thermes, la détente est excellente. Qu'est-ce que c'est bon de prendre du bon temps après tant d'efforts. On apprécie vraiment les choses à fond. Les vitres donnent sur une vue magnifique: les Alpes. Les bains bouillonnants, sauna, hammam et autres délices nous remettront d'aplomb pour demain, pour passer le terrible Jaunpass. Nous avons particulièrement appréciés la sortie du sauna avec la vraie douche froide au seau d'eau! Très revigorant .
La journée de repos se termine autour de plats locaux, fondue et croûte aux fromages. (plat suisse magique fait d'omelette, de pain, de fromage et de jambon! Super léger!)
Ce soir, avec notre nouvelle tente, nous nous posons à côté d'un télésiège où nous étions au calme. Je dis « étions » car vers 22 heures alors que l'on commençait à s'endormir, deux uluberlus ont décidés de remettre en route le télésiège pourquoi? un test de fonctionnement ? Superbe idée à 22 heures! Aujourd'hui 22 kilomètres, c'était repos on avait dit!
Le lendemain matin après une délocalisation positive de la tente et de tout le barda à cause du bruit mécanique insistant du télésiège, nous dormons au mieux quand vers minuit un personnage étrange plie ou déplie un tissu. On se dit que c'est un ami routard qui plante sa tente, tout comme nous. Mais plus tard, lorsqu'il téléphone on comprend qu'il s'est apparemment posé en pleine nuit avec un parapente ? C'est de la folie de faire ça en pleine nuit. Il repartira et nous nous rendormirons. Le temps semble vouloir se maintenir. Ce matin c'est jour de fête, croissants au chocolat suisse au petit déjeuner. La boulangerie était en face! On est tellement heureux avec peu il faut dire et tout ce que l'on mange semble tellement meilleur qu'avant. Je pointe le doigt sur un avantage à voyager à la force musculaire : on apprécie tout à fond, on a l'impression de vivre les choses à 300% et ça, ça n'a pas de prix. Rien n'est survolé, c'est du concret, il faut le tester pour le comprendre. Aussi, on est acteur de son voyage et chaque décision aura son lot de conséquences, positives ou négatives.
Aujourd'hui, nous devons passer notre premier col Alpin : le Jaunpass (le col de Jaun) jaun en Allemand signifie Bellegarde va t-en savoir pourquoi! Au départ, c'est calme pour arriver au village de Jaun. Puis très vite (après de très jolies cascades), la montée se précise. Montée éprouvante qui nous fera atteindre 1516 mètres. Bien-sûr nous ne comptons plus les pauses nécessaires à son ascension. Mais point de chronomètre, nous prenons le temps de savourer, de vivre tout simplement.
Les montagnes nous entourant sont incroyables. Les nuages viennent se frotter le dos et parfois reste bloqués sur ces pics rocheux et ses falaises hauts de centaines de mètres et tranchants comme des rasoirs. Le tout me captive, je suis saisi par cette beauté naturelle que nous n'arriverons jamais à imiter.
Nous passons, dans la souffrance, le col pour arriver de l'autre côté avec un panorama magique. Malheureusement, les sommets de plus de 4000 mètres sont dans les nuages. Un petit papy qui était venu admirer ses montagnes nous tape la causette et nous dit qu'il fallait venir une heure plus tôt!
Je lui rétorque : « tu vois, flo, j't'avais dit de pédaler plus vite! », alors que c'est moi qui suis souvent à la traine dans les montées...
On profitera quand même d'un décor surréaliste...bien mérité! Petite discussion avec ce papy émerveillé par son coin de terre (et il y a de quoi) puis descente magistrale vers la vallée en direction de deux lacs de montagnes. Encore une fois les freins chauffent et on sent même le cramoisi. Oulà! Doucement papillon! On s'arrête pour refroidir le tout, plusieurs fois, tout en profitant du paysage somptueux. Quel bonheur de se laisser porter par la gravité entourés de ces pics rocheux! Arrivés en bas, nous prenons la route recommandée en direction de Spiez où un premier lac, entouré de montagne de 2000 mètres, nous attend. Nous longeons un torrent qui aurait pu nous porter plus aisément si l'on avait un kayak. Le petit chemin, après un repas de fortune sous quelques gouttes de pluies, nous emmène à la rencontre d'un groupe de touristes retraités suisse-allemand. Ces touristes en vélo (qui sont montés en bus) font un peu de sport et redescendent vers Spiez. C'est qu'ils ont la forme les anciens! Dés le début, ils nous « fument ». Bon, pour notre défense, ils n'avaient pas passés le Jaunpass et n'étaient pas chargés ;-) Ils essayent de nous taper la discute en Suisse-Allemand : Hallo! Hallo! Zuszushzuhzpp ? Spiez? Hum, je ne comprend absolument rien mais pas grave, ils continuent jusqu'à rigoler, je rigole aussi. Ja spiez! Nous les doublerons un peu plus loin. Nous les avons eu au physique lors d'une grosse montée. Je me fais méchamment doubler pourtant par un ancien qui avait un vélo électrique... « trop facile » lui explique Flo en Allemand, à l'arrivée de la montée. Il acquiesce puis nous les quittons en descente.
Arrivés à Spiez, fatigués nous nous reposons lorsque le même groupe de touristes nous doublent en nous faisant tous « Hallo! » Nous avons joué au chat et à la souris toute l'après midi! Nous cherchons l'office de tourisme pour savoir si le Grimselpass est ouvert. Du haut de ses 2100 mètres nous avions vu qu'il devait l'être le 28 mai. C'est confirmé en téléphonant à TCS, la charmante hôtesse nous indique que c'est ouvert. Bingo!
Ce soir nous pensions arrivés à Interlaken (ville entre les deux lacs comme son nom l'indique). Mais nous déchantons face à la fatigue et à la pluie qui pointe son nez. Nous cherchons un bivouac et par chance, nous trouverons un endroit près d'une école! Parfait. On pensait être tranquille jusqu'au moment où un cours de gymnastique rythmique eu lieu. La musique à fond résonne de partout. Petit repas à base de purée et de lait en poudre agrémenté d'un saucisson au cerf et d'un gruyère formidable (sans trous) achetés à Charmey. Pour récupérer nous ne lésinons pas sur les massages à base d'huiles d'amandes douces. C'est un des avantages de partir en couple! Demain, nous nous dirigerons vers le Grimselpass qui sera notre premier « 2000 »! La musique s'efface et laisse place au sommeil écrasant.
Samedi, sixième jour, La nuit fût finalement calme bien qu'un peu arrosée. La tente a bien résisté. Nous sommes tout proche d'Interlaken porte du second lac nommé « Brienzer see ». Nous nous décidons de faire un petit détour par Interlaken pour savoir si le Nufenenpass est ouvert car nous pensons le prendre à la place du col de la Furka. Arrivés au « tourist info » on nous répond qu'il est ouvert! Très bien le Grimselpass et le Nufenen n'attendent plus que nous. Nous croisons au passage deux « velocipédeurs » souhaitant prendre le train un petit bonjour puis nous repartons avec hâte de cette ville bien trop orientée tourisme de masse pour nous.
Le chemin recommandé pour longer le second lac est superbe. Le temps se maintient. Encore une fois, les nuages jouent avec les cimes encore enneigés de ces montagnes qui empoignent ces deux lacs somptueux. Au départ, tout est plat on apprécie. Très rapidement on commence à jouer aux montagnes russes et la fatigue nous joue des tours. Nous avançons doucement mais sûrement! Peu de kilomètres de parcouru, en ce matin. Le repas pris en face du lac en hauteur nous redonne du baume au cœur avant d'entamer une plus grosse montée et encore une autre. Notre carburant suisse, c'est à dire le chocolat, nous aide vraiment à passer cette après midi difficile. Il n'est pas rare d'ouvrir une tablette pour une pause prolongée et de repartir qu'avec le papier en main! Il faut dire que nous avons besoin d'énergie et même avec tout ce que l'on mange nous maigrissons! Mieux que les régimes « slimfast et compagnie » soyez en sûre (en plus on peut manger autant que l'on veut)! Puis en passant sur un chemin de terre sans s'y attendre nous croisons le chemin d'une énorme cascade.
Impressionnant toute cette puissance naturelle qui ressource sans s'en rendre compte. Quelques mètres plus loin, nous rencontrons les mêmes cyclistes que nous avions vue à Interlaken. Ils nous racontent qu'ils ont fait Interlaken vers la fin du second lac en train... ils viennent de Nouvelle-Zélande et apparemment ils ont pas mal roulés en France. Chamonix, Barcelonette... bref une rencontre superbe bien qu'il ne fût pas facile de communiquer avec notre piètre anglais. Ils viennent voir la cascade et repartent dans deux jours. Nous nous avons encore pas mal de chemin et du temps devant nous. Deux semaines. La direction suivante à prendre s'appelle « Grimselpass » littéralement : le col du Grimsel qui est situé à 2165 mètres d'altitude... Mais avant d'entamer son ascension, nous traversons une longue plaine bien plate cette fois-ci. Que ça fait du bien un peu de plat! Altitude actuelle : 500 mètres. Puis la côte s'annonce après une petite averse pluvieuse. C'est reparti pour un tour, on monte, on monte et on redescend le tout un peu plus loin (grrrrr!). Puis enfin, la réelle montée s'annonce, nous roulons sur les pas du Grimselpass.
Au passage nous y apercevront un routard solitaire qui bien qu'après mes nombreux sourires ne nous dira pas bonjour ni nous fera un signe de la main. Tampis, on ne peut pas échanger avec tout le monde même je suis sûr que cette personne a du en voir des choses avec ses lunettes cassées... Nous continuons notre montée qui s'annonce difficile. En réalité, nous remontons l'ancien glacier qui devait, il y a déjà un moment, atteindre les deux lacs d'Interlaken. On peut y distinguer la roche des deux côtés de la vallée qui a été rongée par la glace. Plus loin... que c'est beau! La neige qui fond sur les hauts sommets crée des dizaines de cascades temporaires. Encore plus loin, nous intervenons pour sauver une chèvre qui s'était sauvée de son parc. Une voiture sur des dizaines s'arrête pour nous aider. Une femme parlant l'allemand m'aide à choper la bête pour la remettre avec ses copines dans le parc. Les autres voitures devaient être pressées... l'accident dans le virage avec une moto ou une auto aurait été très dommageable pour tout le monde... Nous repartons avec un coup de klaxon de la dame allemande et le sourire, heureux d'avoir aider la pauvre chèvre qui ne savait pas comment faire pour rentrer au bercail!
La montée est rude, nous n'en pouvons plus. Arrivés à 1050 mètres d'altitude dans le village de Guttanen, nous décidons de trouver un endroit pour dormir au chaud et la règle des trois jours sans douches tombe aujourd'hui. Pas de camping. Hôtel ou B&B. On préfère B&B (bed and breakfast). Nous tombons nez à nez avec khaty. De suite on sent que l'accueil va y être formidable. Le B&B a aussi l'avantage de rentrer dans l'intimité des gens car vous vivez aussi chez eux.
Quoi de mieux pour découvrir la vie en montagne suisse?! C'est dans un somptueux chalet que cette femme et son mari nous accueillent les bras ouverts. Quel luxe! Une douche, un wc, de l'eau courante, un lit! On ne s'en rend pas bien compte chez nous les riches d'occident mais nous avons une chance incroyable d'avoir tous cela à portée de main. J'en profite pour me débarrasser d'une barbe d'une semaine qui commençait à me chatouiller et me changeait complètement de visage. Les fenêtres de notre charmante chambre nous donne une vue sans pareil sur les montagnes avec des névés ne souhaitant pas fondre. Point de TV bien que nous aurions pu en avoir une. Ces paysages nous suffisent.
De toute façon, je ne comprend pas l'allemand et si c'est pour voir une émission nullisime que l'on nous propose sans cesse c'est pas la peine! Je parlais de richesse il y a quelques instants, elle est omniprésente ici en suisse (surtout en ville). J'ai l'impression que l'on peut calculer cette richesse en comptant le nombre de pots d'échappements de leurs voitures. En France, il est commun d'avoir un pot d'échappement. Ici, deux ou quatre c'est monnaie courante. C'est étrange car on sent très bien que les Suisses ont la « fibre verte » et que le vélo est utilisé très largement dans les petits déplacements un peu comme aux pays-bas, en moins marqué. La vie y est chère près des grandes villes et la moindre banane vous ruine.... Préférez le bivouac si vous y passez ou cherchez des B&B comme chez Khati.
A propos, notre semaine et nos petits plaisirs nous auront coûtés, à deux, tout de même 300€ soit 400 francs suisses. Ce soir la nuit au B&B nous coûte 100 francs suisse soit un quart du budget de notre semaine suisse. Si on a choisi cette auberge c'est aussi pour marquer la fin de notre superbe première semaine et passer une nuit au sec car dehors il pleut fortement. Une nuit comme celle-ci, c'est aussi reprendre du moral et des forces que nous auront besoin demain pour passer le col. Sinon, les Suisses sont gentils, agréables et serviables. On apprécie leurs encouragements malheureusement trop rares. Je m'amuse à regarder les gens en voiture et en moto. Leurs têtes font parfois peur à voir, même les touristes. Apprécient-ils les paysages comme nous le faisons? Je ne le crois pas.
On pourrait le faire aussi monter en voiture, prendre des photos et repartir alors pourquoi nous le faisons pas ? Certains penseront qu'on est fou voir carrément déjantés. Que néni je leurs répondrais! Nous voyons les choses sous un autre angle plus proche de notre environnement...sans moteur...sans CO2. Ce serait mentir que parfois quand la montée est trop rude de penser « ah, en voiture j'irais tellement plus vite ». Plus vite. En voilà une réflexion typique ancrée dans nos cerveaux par notre éducation et donc de notre mode sociétale. En réponse à cela je dirais que pour apprécier les choses, du temps il faut... Ou-là; si je commence à parler comme maître Yoda, il est temps d'aller me coucher. On mettra ça sous le compte des 65 kilomètres de la journée.
Käthi's B&B, Mai 2010
Au départ on s'était fixé environ 50 kilomètres de moyenne pour avancer mais pas trop. Nous sommes, je pense au dessus sans forcément le vouloir. Ce constat nous permettra normalement de nous arrêter encore un jour ou deux. Florence prépare le repas dans une cuisine équipée. Qui a dit « macho! » ? Dans un voyage comme celui-ci il faut tout partager en ce qui concerne les tâches journalières (préparation de la nourriture, montage, démontage et préparation de la tente...). Il faut être également attentif à l'autre. La fatigue frappe l'un et l'autre parfois à des moments différents. Il faut donc être à l'écoute de l'autre pour l'aider au bon moment pour qu'il puisse passer ces moments sans se démoraliser. Un lit un vrai, la nuit s'annonce bonne.
Aujourd'hui, dimanche 30 mai, nous devions passer le Grimselpass. Je dis « devions » car après s'être levés à 7h30 et pris un gargantuesque petit déjeuner concocté par Käthi (notre hôtesse formidable) nous regardions désespérément la pluie tomber à sauts dehors. Petit briefing entre nous. C'est décidé, nous resterons une nuit de plus à Guttanen pour nous reposer et espérer une amélioration. Je recommande fortement ce B&B. Cette dame que l'on surnomme Käthi à un cœur d'or avec les voyageurs qui s'arrêtent chez elle. Le cadre est magnifique, la maison typique et parfaitement aménagée. Sculpture village de Guttanen, Mai 2010
En début d'après midi, un rayon de soleil transperce l'épaisse couche nuageuse et nous fait sortir de notre léthargie (il faut dire que j'ai enchainé plusieurs siestes à la suite...). Une petite marche nous fait voir de beaux paysages et des moutons curieux. Demain, nous partirons à la conquête du Grimsel! Le soir tombe et la pluie aussi à mon grand désespoir. Demain nous partirons quand même en espérant passer sans trop de difficultés car il semblerait qu'au col la neige soit tombée. Le chasse-neige serait passé selon les dires de Käthi qui ne parle pas le français. Heureusement, Florence se débrouille en Allemand ce qui permet d'échanger quelques phrases. Apparemment, Käthi nous déconseille de monter là haut. Pourtant, il faudra bien passer. Cette seconde journée « repos » nous a fait du bien même si nous avons un petit mal de ventre (à cause d'un gruyère pas frais que nous trainions depuis le début ?) qui sape notre énergie. Nous verrons demain. Pour une fois, 0 kilomètre enfin 4 ou 5 à pied...
Lundi 31 mai : L'ascension du Grimselpass. Ce matin, c'est décidé nous tenterons de passer cette montagne qui nous bloque depuis deux jours. Après un autre gargantuesque petit déjeuner chez l 'ange gardienne du routard (j'ai nommé Käthi), nous enfourchons nos montures en direction du col. Avant le départ, elle nous donne même une plaquette de chocolat! Un ange, j'ai dit. Quelques centaines de mètres plus loin, nous voyons une voiture s'arrêter! Encore Käthi qui nous apporte un sachet de nourriture que nous avions oubliés dans le frigo. Elle avait peur que l'on ait faim de l'autre côté du col! Beaucoup de « danke » puis nous repartons...vers une montée de quatre heures.
Cascade vers Guttanen, Mai 2010
Il fait gris, le temps se maintient. Nous avons un dénivelé de 1100 mètres avant d'entrevoir la descente. Nous sommes début Juin mais ici c'est encore l'hiver, il faudra faire avec. La première digue et son premier lac nous accueille à 1750 mètres. Les nuages montent la vallée à une vitesse folle. Une petite éclaircie nous donne du baume au cœur. Les habitants des voitures que nous croisons doivent nous prendre pour des cinglés. J'ai froid aux pieds. Je décide d'utiliser deux chaufferettes en les mettant dans mes chaussures (super appréciable).
Premier lac avant le Grimsel, Gelmersee, Mai 2010
Qu'importe, nous continuons tout en s'habillant de plus en plus. Il neige. Le second lac et sa digue se monte plus difficilement. 1900 mètres. Un militaire Suisse en 4X4 s'arrête (le seul). Il nous dit que le col est fermé en français. Comment ça fermé, impossible, pas si proche du but! Nous décidons quand même de continuer au pire on se dit que l'on poussera. 1950 mètres, le panneau indiquant accès interdit est bel et bien là. Décision prise, nous continuons à nos risques et périls. La route est dégagée mais le col a du être fermé pour cause d'un vent violent qui s'abat sur nous tout au long du reste de notre ascension. 2000 mètres, plus que 100 mètres de dénivelé et quelques virages. Nous craignons les coulées de neige mais finalement c'est ni le vent, qui nous fait presque tomber par terre en poussant notre vélo, ni le blizzard, qui nous gèle les mains et les oreilles, qui nous fera abandonner. Nous avons réussi à trouver la force pour passer le Grimselpass! Ce serait mentir que de dire que nous avions pas doutés sur notre capacité à réussir. Pourtant de l'autre côté une éclaircie nous accueille. Ici tout est mort. Des murs de neige et un blizzard balaye le paysage, c'est désertique. Le petit village perché ici n'est que ville fantôme. Quelques photographies puis nous remontons sur nos vélos qui nous amèneront en face du furkapass (col de la furka) qui avec ses virages incroyables est malheureusement fermé.
Une descente folle et glaciale s'annonce, il faudra faire attention. Nous croisons au passage des marmottes qui se demandent ce que nous faisons là. Durant la descente, c'est aux mains que j'ai froid mais très vite le printemps re-fait son apparition et le soleil nous réchauffe. Nous l'avons fait, nous l'avons passé ce col! Pour notre premier 2000 avec ce temps instable, je nous estime heureux. Nous sommes passé sans encombres .
Plaine vers Bellwald, Mai 2010
Le soleil est revenu grâce je pense à l'effet de « fœhn » . Arrivés à Gletsch où tout est mort, nous nous félicitons de notre passage. Malheureusement nous le savons, le Nufenenpass est fermé lui aussi à cause de cette vague de froid? Nous ne tenterons pas son passage à plus de 2450 mètres au petit bonheur la chance comme ce fût le cas pour le Grimselpass. C'est pourquoi, nous avons l'idée de nous diriger vers la ville de Brig ou nous pourrons prendre le train pour passer sous la montagne. L'Italie nous tendra les bras. Nous quitterons nos chaleureux suisses pour l'italien que je ne connais pas. Espérons que ce passage en Italie nous réserve autant de surprises que ce que nous avons déjà vu en suisse. La descente le long du Rhône naissant vers Brig est superbe. Les petits chemins suisses nous auront quasiment toujours accompagnés d'une façon intelligente vers nos destinations. 72 kilomètres et très certainement plus de 1500 mètres de dénivelés. Flo dort déjà on a vraiment donné notre maximum, je suis fière d'elle et je l'aime.
Mardi 1er Juin. Levé 7 heures pour se préparer et partir pour le train de 9h39 entre Brig et Domodosola. Quelques kilomètres plus loin, nous voilà au guichet de Brig. Un clown nous y reçoit. Pas au sens propre mais ce vendeur hilare a le sens de l'humour. Il nous parle en français et nous sort des blagues sur les mensurations de Maryline Monroe. Avec lui à coup sûr on repart avec le sourie et la patate. Il nous en coûtera quand même 53 francs suisses car il faut payer pour nous et nos vélos. Un peu chers, je trouve, mais il faut bien les passer ces montagnes. Petit regret quand même que de prendre le train au lieu de passer par le Nufenenpass. Mais il est fermé et le temps pourrait ne pas s'améliorer. En quelques minutes nous passons de la Suisse paradis du cyclotouriste à l'Italie dont ne nous connaissons rien.
A l'arrivée de la gare de Domodossola, il faut déjà porter les vélos et leurs bagages pour sortir de la gare. Mauvais point déjà! Puis, nous nous élançons avec un superbe soleil en direction d'une route nommée SS337. C'est qu'on est pas près de l'oublier cette route. Au début tout se passe bien. Pas trop de circulation, ça monte un peu. Bien-sûr pas de piste cyclable! Puis nous arrivons à un premier tunnel interdit sans lumières. Nous allumons les nôtres puis nous nous engageons. Que je déteste les tunnels... Les voitures ne prêtent pas attention à nous et en montée c'est un vrai cauchemar. On nomme les tunnels ici « galleria » sans doute « la galère à les creuser » et la galère à les traverser en vélo! Puis le coup de grâce. Nullement annoncé, un tunnel de 1,5 kilomètre avec une pente de 9% va nous faire galérer avec tout le CO2 des voitures que l'on adore tant.
J'en ai marre presque à en faire demi-tour. Maudite route, maudit tunnel. Finalement nous en sortons, nous nous installons pour prendre le déjeuner. Durant le repas en forêt je fais un constat...consternant. Ici en Italie, il semble être coutume de jeter tout ce qu'il nous est inutile hors de la voiture. Si je devais inventer un mot pour « catégoriser » les bas côtés des routes Italiennes ce serait « cracitude ». C'est vraiment « crade ». J'ai même vu un extincteur pourrir sur le bas côté. Je ne comprendrais jamais. Est-ce si dur que cela de ramener son paquet de cigarettes jusqu'à une poubelle chez soi ou ailleurs? Le choix est d'autant plus important que nous sortons de la Suisse où tout est si propre où les gens respectent (bien mieux) leur environnement qui après tout ne sert qu'au final à les faire vivre... La montée continue avec son flot incessant de voitures et de motos qui ne sont pas souvent respectueux de nous. Ils ne l'emporterons pas au paradis! Puis, enfin... la route se sépare et nous empruntons une route de montagne qui monte qui monte mais au calme et presque au propre (ouf!). Le calme retrouvé nous pédalons, faisons des pauses et parfois poussons sous une chaleur écrasante. Un papy d'une soixante-dizaine années nous dépasse. C'est mon premier «buongiorno», bonjour en Italien.
Les cyclistes de courses, assez nombreux, répondent quasiment tous à mes signes de têtes et de main en guise de salut. C'est toujours plaisant. Arrivés au dessus, nous entamons une descente folle de plus de vingt kilomètres. Presque trop longue cette descente (je ne pensais pas dire ça un jour!), elle me fatigue mais est superbe car parfois suspendue le long de la montagne. Finalement, nous avons bien fait de passer par là même si le tunnel restera un très mauvais souvenir. Nous traversons moultes petits villages en direction du lac majeur. Il faudra quand même vers la fin donner quelques coups de pédales pour arriver à Cannobio et voir le lac tant convoité.
Je suis, nous sommes très fatigués. Serait-ce le contre coup du Grimselpass? Sans doute. Après 60 kilomètres sous une chaleur étouffante nous abdiquons à Cannobio où nous prendrons un camping hors de prix (30€). Nous entr'apercevons alors le second vice des Italiens. Après le jet d'ordure par les voitures le second sport national Italien semble être le dépouillement (financier) des touristes. Nous avions fantasmer sur une pizza ou de bonnes pâtes Italiennes tout au long de la journée. Un restaurant à Cannobio nous ouvre ses portes. Le service est médiocre et payant en plus( 1,5€ par personne non indiqué à l'entrée) et le plat de pâte servit est ridiculement petit. L'eau à la carafe est impossible bref on reviendra pas et on ne conseille vraiment pas. Trop touristique pour nous ce secteur. Espérons que plus tard nous trouverons mieux car en cette première journée, j'ai l'impression d'avoir déjà cerné la population Italienne et sa mentalité. En ce qui concerne le camping, outre son prix cher, on constate une grosse différence concernant la propreté des douches et des toilettes... Sauvons-nous!
Italie, deuxième round...enfin deuxième jour. Après une journée mitigée hier, voire décevante :déchets sur les bords de routes, conduites irresponsables et voitures trop nombreuses, je m'étais endormi fâché avec l'Italie. L'Italie, cette poubelle à ciel ouvert... pays de la fiat panda et de la voiture en général ne me fait guère envie. En peu de temps la Suisse que nous avons quitté me manque, je me sens pas bien. Ce changement de mentalité en une montagne me choque, me blesse. Heureusement que le soleil est là!
Non pas que les paysages Italiens soient horribles mais au delà de ça, ce qui nous intéresse c'est la mentalité des gens du pays et la qualité d'accueil des « véloroutards ». Le Lac majeur si joli soit-il a du mal à me conquérir face à ce malaise que je ressens ici. Retour sur une journée médiocre... Départ du camping vers 9 heures. Nous voulions prendre un bateau pour avoir une vue du lac différente. Après plusieurs tentatives, il nous est interdit de prendre le bateau avec nos vélos. On nous répondra « no bycicletti » à notre grand dam. Nous devons donc longer le lac sur une unique route remplie de voitures, de bus qui ne nous laissent pas la possibilité d'apprécier le paysage. Nous nous dirigeons vers Stresa ici ou l'auto est reine. C'est plat, nous avançons vite mais tout aussi vite les voitures se font oppressantes. Je maudits leurs conducteurs qui ne sont que des égoïstes qui s'ils n'avaient pas d'ennuis de justice, s'ils nous écrasaient, n'hésiteraient pas longtemps à le faire. C'est fou ce sentiment de gênes que l'on peut créer à ces automobilistes. Aujourd'hui, plusieurs doigts d'honneurs ont fusé à mon grand désarroi. J'énumèrerai pas aussi tous les noms d'oiseaux que j'ai inventé pour les qualifier... En cette fin d'après-midi, nous quittons avec joie le bord du lac pour nous diriger vers une montagne entre le lac majeur et le lac d'Orta. Il s'agit du Mottarone (alias Monténégro).
Perché à 1500 mètres d'altitude, le Mottarone nous promet une rude montée. Nous sommes à 200 mètres d'altitude soit 1300 mètres de dénivelé positif à grimper pour y arriver. Sur une route à peine assez large pour deux voitures, nous montons sous cette chaleur intenable. Pour accompagner cette difficulté, d'innombrables véhicules (motos et voitures) ne cessent de nous doubler et n'hésitent pas à nous klaxonner si nous prenons trop de place.
Il est en effet tellement dur pour une voiture de ralentir, d'attendre que la voiture d'en face passe pour à son tour passer! Il m'arrive parfois, pour ne pas dire souvent, de rêver de leur crever leurs pneus pour qu'ils marchent un peu...ça ne pourrait que leurs faire du bien. Je n'ai pas parlé encore des pistes cyclables italiennes qui sont quasi inexistantes et quand elles le sont, sont dangereuses. Ainsi, on s'est retrouvé une fois face à une grande voie à contre sens où la piste s'arrêtait. Nous avons dû croiser cette route au péril de notre vie. A y réfléchir la dangerosité du Grimselpass n'est rien face à cette furie Italienne. Voitures qui nous voyants désireux de traverser ne s'arrêtent pas pour autant. On s'est vue Flo et moi attendre 10 minutes en regardant les voitures en essayant de traverser. Ces idiots d'automobilistes trop pressés d'arriver à destination dans leurs voitures climatisés nous auraient écrasés tout aussi facilement que de jeter ses déchets par la fenêtre. Les voitures commencent à s'estomper, nous arrivons face à un camping à mi-chemin du Mottarone. Fatigués, nous nous y arrêtons. La personne nous recevant nous demande nos cartes d'identités et nous dit que la nuit nous coûtera 25€ sans douches... une honte! Le lendemain pressé de partir, il nous dit que 20€ ca suffit...bien-sûr le tout sans facture! Encore une coutume du coin. J'ai un réel mal à comprendre les gens par ici et ce décalage ne cesse de se creuser. Il faut partir au plus vite car je deviens agressif et Flo aussi commence à l'être. L'humanité semble être un mot oublié par ici. Le chacun sa gueule semble être la seule règle à respecter. Je ne pourrais plus me réconcilier avec ce secteur de l'Italie.
Jeudi 3 Juin et ses 92 kilomètres, certainement la plus grande étape du périple. Tout commence le matin à la fraîche. Pas de voiture! Nous partons à l'assaut du Mottarone et de ses 1500 mètres d'altitude. Trois heures plus tard après avoir pas mal poussés et pédalés selon l'envie et selon le pourcentage de la côte, nous arrivons au sommet du Mottarone. Il faut encore marcher un peu pour arriver sur une vue somptueuse. Le brouillard encore présent donne un côté étrange à ce paysage sur le lac Majeur et le lac d'Orta. Quelques belles photos plus tard, nous redescendons, nous les extraterrestres qui sommes montés en vélos. Il faut savoir que pour les voitures et les motos, l'ascension vers le Mottarone est payant 6,5€ par voiture et 4€ par moto, côté parc. Encore un peu de vol sur les touristes! En théorie si vous passez avant 9 heures ce sera gratuit. Cyclistes, piétons gratuit, encore heureux! Nous redescendons rapidement vers la ville d'Orta à la recherche d'une pizzeria. Pizzeria pas si facile à trouver en Italie, qui l'aurait cru!
Nous nous posons dans un bar où nous mangerons à défaut quelques panini. La vieille ville d'Orta vaut le détour. Puis c'est reparti. Nous visons la ville de Biella puis d'Ivrea d'où nous prendrons le train vers Aoste pour raccourcir le calvaire Italien. Cette Italie que je n'arrive toujours pas à cerner. Trop de voitures, trop chère, trop touristique, trop contraire à notre conception des vacances. Nous pédalons à travers les villages Italiens. Quelques uns sortent parfois du lot. 60 kilomètres, nous commençons à fatiguer. Malheureusement pour nous et sans s'en apercevoir nous rentrons dans une prairie humide où l'agriculture étend ses cultures à perte de vue. Lorsque nous voulons nous arrêter pour planter notre tente dans un endroit idéal; nous nous faisons agresser par un troupeau de moustiques femelles affamées. Pire que le conducteur Italien ? Le moustique Italien sans doutes! Nous décidons après quelques piqûres de quitter en troisième vitesse le secteur à la recherche d'un secteur plus propice. Nous roulons à en perdre haleine, 30km/h. Il commence à se faire tard et toujours ces champs humides à perte de vue. De beaux oiseaux s'envolent à notre arrivée, même une cigogne c'est pour dire! 80 kilomètres. Nous ne savons toujours pas où dormir. On se met à rêver d'un petit hotel...que nous trouverons après 12 kilomètres de plus dans une ville à côté de Biella. Grosse journée. Flo dort déjà après avoir pris une douche et bien manger!? Je dis bien manger car nous commencions à ne plus rien avoir à manger et les petits villages n'avaient pas de petites boutiques pour nous réapprovisionner. Bien manger c'est aussi la clé de voute d'un voyage comme celui-ci. Des pâtes c'est bien mais un peu de fromage et de jambon c'est mieux! Demain direction Biella puis Ivrea d'où nous reprendrons le train en direction d'Aoste pour éviter d'être coincer entre une autoroute, le chemin de fer et ces voitures qui à chaque fois qu'elles me doublent me polluent l'air et l'esprit.
Vendredi 4 Juin. L'hôtel « Chez Antoine » est à recommander. Antoine, ancien motard tatoué, vous accueillera gentiment dans son hôtel très décoré de tout et n'importe quoi. Le côté « kitsch » de l'hôtel d'Antoine vaut le coup d'œil! 60€ avec petit déjeuner. Nous entrons dans Biella, grosse ville que nous quittons avec plaisir après avoir pris notre bol de CO2 tout frais des pots d'échappements. Il fait chaud et l'air pollué rend le tout irrespirable. Comme d'habitude, on lutte pour ne pas se faire écraser même si parfois des pistes cyclables font leurs apparitions. Grâce au GPS nous nous dirigeons au mieux en direction d'Ivrea (alias viagra car je retenais mieux) par les petites routes. Où sont nos panneaux suisses ? Après 50 kilomètres enfin une route charmante nous accueille. Pour la première fois, on peut rouler l'un à côté de l'autre...consternant.
Un peu plus tard nous arrivons à Ivrea où nous trouverons la gare sans trop de problème (au petit bonheur la chance car sans panneau). Il nous sera plus difficile de trouver l'unique guichet qui ne prend pas la carte bleue? Heureusement et étonnamment ce n'est pas cher, 18 euros vélos compris, on apprécie! Départ 16h37. Nous avons le temps de prendre une glace puis nous embarquerons, nous et nos vélos, à bord du train en direction d'Aoste. Le train comporte que deux places pour les vélos...les nôtres. Une heure plus tard, c'est sans effort que nous arrivons à Aoste. Comme d'habitude rien est fait pour sortir son vélo de la gare. Des escaliers... Les montagnes qui empoignent la ville sont saisissantes! Mais la journée n'est pas finie. Nous cherchons un tourisme info sans en trouver, un pour savoir si le col du Grand Saint Bernard est ouvert. Nous abdiquons et partons à la conquête de notre plus gros col. Avec ses 2473 mètres ou 2469m (c'est selon), le Grand Saint-Bernard nous promet des gouttes de sueurs. Aoste est à 580 mètres d'altitude et pour ne pas avoir à tout faire d'une traite, nous décidons de nous avancer dans la montagne sans savoir si le col est ouvert. Nous tentons le coup et nous nous renseignerons plus tard.
Très vite notre carburant vient à manquer. Nous n'avons plus d'eau. Pas de fontaine malheureusement dans ce secteur. Nous décidons d'interpeler des habitants d'un bâtiment. Nous demandons « acqua? ». On nous répond « on a pas d'eau ici ». Je m'énerve: « Quoi il n'y a pas d'eau chez vous?! » « Ah... si, on arrive! » Ouf j'ai eu peur finalement deux jeunes nous rempliront nos bouteilles d'eau et nous demanderons même si nous n'avons pas besoin d'autre chose. Durant la montée, une fiat nous double. Quoi de plus normal me diriez-vous. Plus loin, elle tombe en panne (quoi de plus normal me diriez-vous? (rires)). En passant je dis à un gentleman s'arrêtant pour aider la dame « le vélo lui ne tombe jamais en panne de moteur » Ça fait rigoler, tant mieux! Passage difficile à 1100 mètres pour redescendre à 988 mètres dans un camping hors du temps et qui fait peur à Gignod. Rien que la douche vaut le coup d'œil. Demain, ascension du Grand Saint Bernardo qui va nous ramener vers la Suisse, enfin.
Samedi 5 Juin, l'ascension du Grand Saint Bernard. La veille, après avoir pris le train, nous avions roulés vers un camping que nous ne conseillons pas à part si vous souhaitez avoir un fou rire sous une douche qui fait peur à voir. Il s'agit du camping Europa à Gignod. Hier soir, nous ne savions pas si le col était ouvert mais un papy du coin nous a confié que si. « Tous les 1er Juin, ils l'ouvrent ». Rassurés et sous un beau soleil il ne nous reste plus qu'à pédaler jusqu'au sommet! Le col le plus haut de notre périple nous fait face : le Grand Saint Bernardo et ses 2473 mètres nous attend de pied ferme! Il faudra le mériter.
Dés le début les jambes chauffent et il faut savoir en garder en réserve pour la suite! Pour éviter la grande route, nous empruntons les petites que nous trouvons à travers les villages. Déjà que le dénivelé positif qui nous séparait le camping au col était de 1500 mètres, le fait de passer ces petites chemins nous fait monter pour redescendre! 1300 mètres, les paysages et les gens sont superbes. On se fait encourager et on nous dit attention ça monte! Ah bon ça monte ? Je l'avais à peine remarqué... Souhaitant diviser le dénivelé sur la journée, nous montons jusqu'à 1900 mètres.
La route qui nous fait face en serpentin ne présage rien de bon pour mes mollets. Quelques voitures et motos nous encouragent, c'est toujours plaisant et remotivant! La faim pointe son nez et des bonnes pâtes accompagnées de viandes séchées parsemé de chocolat devrait nous donner les forces suffisantes pour la suite. Nous repartons, doucement de plus en plus doucement.
Florence, devant, semble être en forme! Ce col nous monte de plus en plus haut vers un ciel bleu qui illumine le paysage que nous savourons sans modérations. Des skieurs nous encouragent, des vélos nous disent bravo (ces messages d'encouragements nous vont droit au cœur) et on nous dit qu'il faut faire attention dans une petite galerie (comprendre tunnel) un peu plus loin. 2200 mètres, le tunnel est passé.
Pause prolongée au soleil devant un paysage incroyable. Redémarrage alors vers la dernière ligne droite et la fin proche qui est annoncée via une croix religieuse, non sans difficultés!
C'est quelque chose que de passer ce col hors catégorie au tour de France chargés comme des mulets! On se fait même applaudir par toute une famille Allemande qui nous croise en voiture!
A l'arrivée, nous demandons à des personnes de nous prendre en photographies devant le panneau. On nous répond vous l'avez bien mérité!
Ce passage signifie le retour en Suisse mais aussi le début du retour vers le Jura notre point de départ. Le lac en haut est encore gelé et les murs de neige sont impressionnants. La descente s'annonce incroyable. Plus loin des jeunes font une bosse pour sauter la route à ski, ils sont fous! Juste après un extraterrestre tout comme nous monte avec sa remorque Bob le grand Saint Bernard mais par le côté Suisse. Tout seul, il en faut du courage! Surtout qu'un peu plus tard, nous nous rendons compte qu'il a dû passer un tunnel de 6 kilomètres en montée.
Il nous a juste dit qu'il était temps que cela se termine...on le comprend! Bonne chance à lui dans la suite de son périple. Face au grand tunnel, nous interceptons un cycliste de route qui montait le col « pour le fun » et nous dit qu'avec nos VTT nous pourrions éviter « facilement » le tunnel par un chemin un peu plus loin. On le remercie puis nous nous dirigeons vers ce chemin qui n'aura rien de facile! A plusieurs reprises, nous devrons pousser un vélo à deux et décrocher bagages et remorques pour passer un pont avec une descente ardue!
Rien de facile en soi! Mais nous évitons le tunnel! Ma remorque a perdu un morceau de son garde-boue en passant un pont, tout le monde souffre, même le matériel. Ce n'est pas pour autant quelque chose de vital. Puis un chemin bien plus praticable prend le relais et nous mène vers un petit village charmant ou un gite nous tend les bras. Recommandé par les différents routards, on se laisse tenter.65 francs suisse par personne en pension complète autant dire pas très cher!
Après une nuit réparatrice et nécessaire suite au passage du Grand Saint « béber » comme nous aimons l'appeler, nous reprenons nos montures. Nous recommandons cette auberge typique des montagnes suisses où l'on parle très bien le Français. Nous recommandons également le digestif donné via un jet par l'hôtesse à base d'abricot (abricotine de son nom) qui ne nous et vous laissera pas indemne! Elle se situe au village de Bourg Saint Pierre et porte le nom du « Petit velan » Aussitôt partis, aussitôt la descente s'offre à nous. Elle sera longue de 33 kilomètres et bizarrement on met moins de temps que pour monter. Rapidement, nous arrivons à Martigny la romaine. Très joli village où nous retrouvons le Rhône qui a bien grossi par rapport au moment où nous l'avions vu sous le Furkapass. De nouveau, aussi, nous retrouvons nos petits panneaux indicateurs des « bonnes routes » pour les cyclistes. Petit repas sous des nuages menaçants qui finalement nous épargnerons.
Nous avons bien fait de passer le col hier, aujourd'hui il doit faire moins beau! Après de bonne pâtes, nous continuons à nous rapprocher du lac Léman via une piste cyclable. A propos du Rhône, il est étrange que l'on dise que sa source se situe au glacier qui porte son nom au dessus du col de la Furka alors que cette rivière se jette dans le lac Léman. La source du Rhône ne devrait pas être le Lac Léman ? Nous arrivons à la petite camargue (endroit où le Rhône se jette dans le Léman) après de nombreuses pauses toujours plus longues et rapprochées ;-). La petite camargue est un endroit charmant où les oiseaux d'eaux sont chez eux. Nous y verrons même les cygnes accompagnés de leur unique petit. Les chemins sont superbes dans cette petite camargue!
Nous ne savons plus combien de kilomètres ils nous aura fallu pour y arriver à cause d'un problème technique de la main de Florence... (compteur échappé dans une crevasse au Grand Saint Bernard). Je pense que 75 kilomètres c'est un bon compromis. Confirmation faite en le demandant à mes jambes! Le soir, l'orage approche, nous cherchons un camping et je manque de me faire renverser par (excusez moi du mot) un con de chauffard suisse (comme quoi il y en a partout) qui n'a pas vu que je souhaitais tourner à gauche alors que je tendais mon bras! Les voitures ne doivent pas savoir qu'elles doivent s'arrêter lorsque je tends ma main à gauche. Nous sommes des véhicules comme des motos et vous nous devez la prioritée! La tente montée et un gros orage plus tard, je vais préparer à manger. Soir de fête : purée avec flocon et lait en poudre.
Lundi. Après une nuit fortement arrosée...par la pluie évidemment ;-), nous nous réveillons, enfin nous l'étions depuis un moment à cause des trains passants à côté du camping que nous ne recommandons pas encore une fois (décidément où sont nos merveilleux camping Néerlandais?). Très vite en longeant le Lac Léman, un mythe s'efface. Il est impossible de longer complétement le lac à pied où à vélo à cause des grosses propriétés qui ne laissent pas un droit d'accès. Nous devrons prendre la route (avec piste cyclable) à plusieurs reprises. A midi, je suis pris d'un méchant coup de barre et je pédale aussi vite qu'une discussion suisse(rires). Un bon restaurant et une somptueuse pizza accompagnée d'eau gratuite et d'un accueil sympa me remontra le moral. Bien-sûr que serait un bon repas sans une bonne sieste...que je ferais dans un parc à côté de Lausanne. Florence aura tout le loisir pour faire des photographies avec une petite fontaine au jet fort intéressant...
Quelques temps plus tard, me revoilà d'attaque. Petites courses à Lausanne que nous visitons très succinctement pour rattraper de nouveau des petits chemins le long du lac léman dont le fameux «sentier de la truite » qui nous en a fait baver à cause d'un gros escalier à monter en fin de parcours. C'est aussi le risque de prendre des sentiers fait pour les randonneurs! Sieste à côté de Lausanne, Juin 2010 Un petit village en bord de lac nous accueillera pour dépenser nos quelques francs suisses en buvant une bonne bière.
Ce soir, il n'est pas facile de trouver un bivouac mais en allant un peu dans la campagne et en passant l'autoroute, nous trouvons une petite route qui nous emmènera vers ce que l'on appelle ici un refuge. C'est une sorte de belle cabane en bois pour faire la fête... Malheureusement fermée mais qu'importe, nous montons notre tente. Pas toujours facile de trouver un endroit où l'on ne dérange pas et où l'on nous dérangera pas! Montage de la tente et préparation du repas sous les incessantes attaques de moustiques assoiffés qui sont certainement attirés par mon odeur alléchante. Et oui on ne sent pas toujours la rose dans un voyage itinérant! :p Seizième jour, ascension vers le Jura Français, ??km: Mardi 8 Juin. La nuit à côté du refuge c'est bien passée hormis le passage à trois reprises d'un 4x4 qui ne s'est pas arrêté et donc pas dérangés plus que ça. Le matin, réveil en douceur avec un marteau piqueur... Des travaux ont lieu près de notre bivouac. Décidément... Qu'importe, il est de toute manière l'heure de démarrer la journée en direction du Jura.
Il faudra monter aujourd'hui pour passer la frontière Française au col de la Givrine à 1232 mètres puis passer à la Cure. Petit à petit, nous montons montons pour parfois redescendre (pour prendre de la vitesse ?) afin de mieux remonter! Nous taquinons bientôt les 800 mètres d'altitude. Un croissant au chocolat nous permettra de pousser jusqu'au repas pris sur des troncs d'arbres en lisière de forêt. Suite à une sieste, nous repartons en direction de ce Jura qui nous a vu partir il y a quelques jours déjà. Nous sommes en avance sur le planning mais un périple ne doit pas être calculé au jour près.
Il vaut mieux avoir un ou deux jours de plus pour jouer un effet tampon et ainsi le voyage se finit lorsqu'il doit se finir. Chaque changement de direction et de décision modifie sans que l'on puisse prévoir ses effets. Nos choix et notre parcours ont fait qu'aujourd'hui, nous sommes à un jour ou deux de notre point de départ. Tout doucement dans nos têtes l'arrivée se précise avec ses changements qui risquent d'être brutaux. Revenir à une vie que nous connaissons par cœur ne me dit pas plus que ça. Il faudra bien pourtant. Avant de passer le col de la Givrine, nous avons pris l'orage sur la tête. C'est trempés jusqu'aux os que nous passons ses 1232 mètres d'altitude. A la cure où la douane nous regarde à peine passer, nous revenons en France puis dans le Jura. Le village des rousses nous accueille et nous passons le drapeau tour de France 2010 avant tout le monde! Nous allons décidément trop vite même chargés comme des mulets . Un hôtel a bien du mal à nous donner une chambre en me voyant arriver complétement tremper. Finalement nous l'aurons notre chambre.
Petit restaurant en ville qui n'a rien à voir avec le service à l'Italienne. L'eau et le service sont gratuits! Ce soir après une bonne douche nous nous remémorons déjà notre voyage avec nostalgie. Le présent et le futur ont laisser leurs places au passé. Que ça passe vite Flo, mais que de bons moments écoulés à une vitesse humaine qui permet de découvrir et de profiter à fond des choses. Le récit et les photographies permettront de garder ce voyage différent et incroyable un bon moment dans nos pensées Panorama sur le Lac Leman, Juin 2010 Dix-septième jour, retour prématuré chez nous, 70km : Mercredi, nous pensions rentrer Jeudi après avoir pris un peu de bon temps dans un espace nordique mais finalement il n'en sera rien. La dernière journée s'annonce et nous n'en savons pourtant rien le matin lorsqu'après un petit déjeuner nous enfourchons nos montures aux rousses. La descente commence quand soudain à la sortie des rousses une voiture fait une tête à queue à Flo. En effet avec sa voiture Madame se croit tout permis. Dans un croisement, nous continuons tout droit et même avec la main de Flo tendue à gauche pour dire « laissez moi aller tout droit » la voiture la contourne et Au revoir, les Alpes! Juin 2010 tourne à droite. Flo freine brutalement pour ne pas la percuter.
De rage, je la poursuis et, étant bloquée par une autre voiture, je la rattrape et lui pause la question : « tu nous as pas vue ? » aucune réponse, j'insiste « Oh, tu nous as pas vue! » « Mais si je vous ai vue, me rétorque t-elle! « Mais j'avais le temps de passer! » Quoi le temps de passer, flo a été obligé de piler! » Manifestement elle en a rien à battre et me regarde même pas en face. Je n'aurais pas eu la même politesse si le conducteur avait été un homme... Un papy autant exaspéré que moi sur le bord de la route me dit « ils en ont rien à faire des vélos ». Je lui dit: « en effet rien à cirer! » La journée commence bien énervé, ce n'est jamais bon pour profiter de la suite! Je ne reviens toujours pas du culot de cette femme sans doutes mère qui ne respecte pas les cyclistes. S'en suit une superbe descente en direction de Morbier (la ville du fromage portant son nom). Des motards nous félicitent avec le pousse levé, merci!
Arrivés à Morez, nous passons dans la ville avant de remonter fortement et nous nous arrêtons dans une fromagerie. Un morceau de morbier, de bleu de Gex du pain et un saucisson, notre déjeuner est tout trouvé sur un banc au soleil. Suite au repas, nous nous offrons une petite escapade en forêt pour passer un col à 1000 mètres à l'abri des voitures. Puis nous continuons vers Saint Laurent en grandvaux pour arriver par la suite à la Chaux du Dombief où nous devions nous arrêter pour le sauna. Malheureusement, c'est complet. Dommage! Nous continuons donc vers Lons-le-Saunier où nous pensons arriver ce soir en avance mais tout de même avec le sentiment d'un voyage bien accompli. Le départ et l'arrivée et 1110 kilomètres au compteur si ce n'est pas un vrai voyage je ne sais pas ce que c'est! Le soir tout proche de notre point de chute, il se met à pleuvoir un peu et un collègue de travail s'arrête (il rentrait du boulot) pour voir si nous allions bien! Sympa . Plus que quelques kilomètres et quelques passages en forêts finirons par nous achever! Dans la campagne, un des chiens aura réussi à me pincer les fesses car ses propriétaires insoucieux les avaient lâcher et n'avaient aucune autorité sur eux. « Saloperie de cabots » on en a eu assez des voitures pas vous les chiens! Derniers coups de pédales, dernière montée. Nous reconnaissons les routes. Saint Laurent la Roche et son église. L'arbre dont les cerises ont muries. Tout est quasiment comme avant. Nous, nous avons changé, muri aussi peut être, tout comme ces fruits délicieux. Un voyage inoubliable avec une Florence incroyable comme partenaire à quand le prochain ? Flo : Et un Loic, tout aussi incroyable par sa volonté et sa fougue!